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Critique de amichon


Pour éclairer mon propos : je suis un modeste trottineur de 70 ans qui parcourt les rives, les bois et les sentes de Marne-la-vallée Val Maubué à l'ébouriffante moyenne de 6 km/h, 7 quand je m'énerve, 10 kms tous les deux jours. Plus jeune, c'était le 100m, depuis 15 ans, c'est le fond.
Quand il m'a été offert, le titre m'a accroché l'oeil et titillé l'imagination : petit éloge du running.
Je m'attendais à un texte complice, voyageur, modeste, où tous les adeptes dilletantes du jogging se retrouveraient., un peu comme tout adepte de la lecture se retrouve dans le livre Bouquiner d'Anne François.

Las ! En dehors de la desription des étapes d'un marathon, et du cliché chrétiano-doloriste, ahhh, la douleur, mmmmm, c'est bon, sans aller jusqu'à la souffrance (?!?), pas grand-chose à se mettre sous la chaussure.

Rien sur le spectacle changeant de la rivière, de la forêt, des allées et des mails, chaque matin est différent, le nez au vent (la sensation de l'air, l'humidité, les odeurs), tient, l'écureuil du frêne, les cormorans qui se sèchent au soleil, on respire, on lève les bras, on sautille, on se fait un petit sprint de 100m, on saute un arbre couché par ces tempêtes qui se succèdent hebdomadairement, on regarde partout, plusieurs arbres penchés par la bourrasque, un bois à la Schuitten, un dernier sprint dans l'allée pour rentrer à la maison, plaisir simple, gratuit, libre, arbitraire....

Rien sur les craquements secs de la neige durcie sous les Asics les matins d'hiver,les froissements argentins des feuilles mortes à l'automne, les chuintements précautionneux et glissants au printemps, et les martiales percussions sur les allées sèches et dégagées en été.

Rien sur la brise qui carresse le visage, ride la surface du lac, et agite doucement les chatons dorés des saules dès février-mars, ou sur les rafales cescendo qui secouent les houpiers, font mugir les arbres du parc, et expédient ça et là des rameaux et des branches sur les joggeurs téméraires. Ces jour-là, on court le nez en l'air, prêt à bondir à l'écart des missiles d'Eole.

Rien sur le regard complice et compatissant sur ses chaussures toutes crottées, au mesh eraillé par les hors-pistes, qu'on a pas le coeur de jeter même après avoir invité une nouvelle belle rutilante. Je les garde et les enfile de temps à autres, refusant de leur dire adieu.

Rien sur les histoires lues, les concerts, les morceaux de musique écoutées au casque, qui sont définitivement associés à certains parcours à une certaine saison.

Rien sur les papotages décousus et haletants avec les copains-copines de trottinage, sur les garçons qui repartent en arrière, puis réapparaissent pour rester quand même avec ces filles si bavardes et si lentes. :-)

Rien sur l'addiction douce de trottiner régulièrement. Eh oui, une semaine sans courir, soit fiévreux, soit garde d'enfant ou déplacement, et on ressent déjà le manque !
(bon, j'arrête avec l'anaphore).

Et, pour la description d'une course vécue de l'intérieur, je me souvient plutôt des mémoires d'Alain Mimoun, notamment quand il a réussi à battre Emile Zatopek.
Bon, vous aurez compris, j'ai été bien déçu par cet opuscule, pourtant cadeau de Noël de ma chère et tendre, qui paraissait si prometteur.
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