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Critique de Nastasia-B


Paul-Louis Courier n'est pas le plus connu des auteurs publiés dans la prestigieuse Bibliothèque de la Pléiade. Je suis même prête à parier que beaucoup, parmi les grands amateurs de littérature qui fréquentent Babelio, n'ont jamais entendu prononcer son nom, ni lu une quelconque mention de celui-ci.

Certes, son oeuvre est assez inclassable et peu sujette aux best-sellers, à mi-chemin entre les traductions antiques et les écrits pamphlétaires, à mi-chemin entre les lettres classiques et la politique, il entre difficilement dans les cases habituellement réservées aux écrivains.

Et même ses lettres : sont-ce des récriminations personnelles adressées à des individus qu'il n'appréciait pas ou sont-ce des dénonciations plus générales d'un système politique défaillant ? Pas évident, probablement à la croisée de tout cela sans en être franchement d'aucune.

Ici, nous en avons un très bel exemple : Courier, grand expert en son temps du grec ancien, traducteur de qualité et ayant peu à craindre de la concurrence en matière hellénistique, jugea légitime sa candidature à un poste vacant de l'Académie des inscriptions et belles-lettres à la chaire de grec.

Or, notamment eu égard à son caractère indépendant à tendance anarchiste avant l'heure, il lui fut opposé un refus net et précis au bénéfice d'un individu ne connaissant même pas le grec, mais dont les idées cadraient très bien avec l'ordre établi. Ceci fut couplé à une raillerie en règle de la part d'un adversaire de Courier dans un obscur journal de l'époque.

Il n'en fallu pas davantage à notre traducteur anarchiste pour sortir sa plume et écrire un billet assassin à l'adresse desdits académiciens. Et l'on comprend mieux, à la lecture de ce chef-d'oeuvre de cynisme et d'ironie, pourquoi on lui ouvrit les portes de la Pléiade.

C'est une langue sublime, c'est fin, c'est acerbe, c'est plein d'humour caustique, c'est imparable, c'est une lettre comme on adorerait en écrire à nos pires ennemis. C'est vraiment ce qui s'appelle se faire tailler un costard, mais dans la forme élégante du terme, sans rien lâcher en terme de puissance ni de qualité langagière.

En clair : deux soufflets en pleine face des destinataires. Alors, je suis bien d'accord avec vous, ça ne va pas beaucoup plus loin que cela — sauf peut-être à dénoncer un fonctionnement intéressé, trop bureaucratique et basé sur la cooptation plus que sur les mérites —, mais c'est surtout la preuve qu'on peut régler ses comptes de façon littéraire. Selon moi, du grand art, à vous de voir et d'en juger, car, cette année comme les précédentes, ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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