Soixante-et-un ans après avoir été couronné par le prix Nobel, l'écrivain américain John Steinbeck fait son entrée dans la Bibliothèque de la Pléiade.
Ce volume propose la « trilogie du travail » formée par "En un combat douteux" (1936), "Des souris et des hommes" (1937) et "Les Raisins de la colère" (1939). "À l'est d'Éden" (1952), roman de la maturité, complète cet ouvrage.
Le fil conducteur des trois premiers livres, c'est la réaction de l'individu à la pression du groupe.
"En un combat douteux", qui prône l'action collective, revêt une dimension épique.
"Des souris et des hommes" traduit, par la simplicité de son intrigue et ses ressorts dramatiques, la dimension tragique d'une humanité abandonnée à la fragilité de ses rêves.
"Les Raisins de la colère", grand roman de la route, entremêle le destin de la famille Joad et des chapitres « collectifs » qui élargissent la perspective à l'ensemble du « peuple ».
"À l'est d'Éden", quant à lui, donne corps à l'imaginaire familial de Steinbeck et illustre la faculté de l'homme à choisir son destin. S'y mêlent souvenirs intimes et éléments allégoriques et historiques ; le bien et le mal s'y livrent une lutte placée sous le signe de Caïn.
En s'inspirant de thèmes et de figures bibliques, Steinbeck participe à l'écriture du mythe américain, y compris dans ses aspects les plus désespérés. Marqués au fer rouge par la Grande Dépression, ses personnages, laissés-pour-compte du rêve américain, sont des victimes de la modernité en marche. Dans des dialogues d'une grande virtuosité, le romancier fait entendre la crudité de leur langue (ce qui choqua ses contemporains) et leur confère une présence véritablement poétique. Quant aux analyses écologiques, économiques et sociales qui sous-tendent ses livres, elles demeurent troublantes d'actualité.
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Karlsefni et ses hommes avaient été écrasés sous le nombre, ils allèrent à leurs baraquements après cela et pansèrent leurs blessures, cherchant à évaluer combien de gens les avaient attaqués en descendant des hauteurs. Il leur parut alors qu'il n'y avait eu qu'une seule troupe, celle qui était venue des bateaux, les autres devaient avoir été une illusion des sens. Les Skraelingar (= les Inuits) trouvèrent aussi un homme mort, une hache par terre à côté de lui. L'un d'eux ramassa la hache, en frappa un arbre, puis de même l'un après l'autre, ils estimèrent que c'était là un trésor et qu'elle mordait bien. Ensuite, l'un d'eux la prit et en frappa une pierre, si bien que la hache se brisa ; alors, elle leur parut n'être d'aucune utilité puisqu'elle ne résistait pas à la pierre, et la jetèrent.
SAGA D'EIRÍKR LE ROUGE, Chapitre XI.
Il y a des gens qui feignent d'être loyaux, et de si bien garder les secrets qu'il semble naturel de leur faire confiance; et quand, finalement, on se livre à eux et qu'ils sont au courant des détails de cet amour, ils en répandent le bruit dans tout le pays et en font l'objet de leurs plaisanteries et de leurs rires.
Ainsi, il arrive que celui qui a révélé le secret en perde la joie, car, plus l'amour est grand, plus les parfaits amants sont affligés quand l'un deux croit que l'autre a dit ce qu'il faut tenir caché.
Plongé dans ce bonheur suprême
De me dire encore et toujours,
En dépit des mornes retours,
Que je vous aime, que je t’aime!
(Paul Verlaine, p, 44)
Le vinland est à quarante-huit heures de voile du Markland . Il y avait là un cap , à l'est duquel il y en avait un autre où les navigateurs trouvèrent la quille d'un bateau , d'où le nom de Kjalarnes ( cap de là quille ) . À l'est du Kjalarnes , le pays était indenté de baies .
Saga d'Eirikr le rouge , et l'Armerique fût !
Comme le Père Finnegan continuait de débiter d'un air las les habituelles prières, Harold se releva sans bruit et prit place sur un des bancs. Puis il contempla un tableau représentant la Vierge à qui le peintre avait prêté une expression douloureuse.
- Psst!
Harold tendit l'oreille.
- Psssst!
Harold se retourna. Dans l'autre aile, à trois rangs en arrière, une vieille dame à cheveux blancs lui souriait en lui faisant gaiement un signe de la main. Harold se détourna. C'est la femme que j'ai vue au cimetière, se dit-il. Celle qui mangeait une tranche de pastèque. Je me demande bien ce qu'elle me veut.
- PSSSST!
Harold sursauta, se retourna. La vieille dame s'était déplacée. Elle était maintenant agenouillée juste derrière lui. Et elle souriait.
- Vous voulez des réglisses? lui demanda-t-elle gentiment en lui tendant un petit sac de papier.
A ces mots, Ulysse s'assit et Télémaque serra dans ses bras son noble père en sanglotant et en versant des larmes. Le désir de pleurer était monté en chacun. Ils pleurèrent en poussant plus de gémissements que les oiseaux de proie - les aigles et les vautours aux serres recourbées - auxquels des paysans ont volé leurs petits avant qu'ils soient capables de voler. Ainsi les deux hommes laissaient-ils couler sous leurs paupières des larmes attendries. HOMERE
Si tu peux plaire aux foules et garder ta vertu,
Ou fréquenter les rois... en restant près du peuple,
Si amis, ennemis, ne peuvent t'offenser,
Si chacun pour toi compte, mais nul ne compte trop;
Et si tu peux remplir la minute implacable
De soixante seconde de chemin parcouru,
A toi sera la Terre et tout ce qu'elle contient,
Et, qui mieux est, tu seras un Homme, mon fils!
RUDYARD KIPLING
Grettir était tout ankylosé après sa lutte contre Karr. Il se dirigea vers de la ferme de Thorfinnr avec le trésor. Les gens étaient déjà à table. Quand il entra dans la salle, Thorfinnr regarda sévèrement Grettir en demandant quelle besogne tellement urgente il avait eu à faire pour ne pas respecter les coutumes d'autrui. Grettir dit : "Insignifiantes bien souvent, les choses qui arrivent tard le soir." Il déposa alors sur la table tout le bien qu'il avait retiré du tertre. Il y avait un objet de prix sur lequel Grettir jetait surtout les yeux. C'était une sax, une arme si excellente qu'il déclara n'en avoir jamais vu de meilleure : celle-là, il la déposa en dernier. Thorfinnr se rasséréna en voyant la sax car c'était un souvenir de famille qui n'était jamais sorti de leur lignage.
Le chat noir est le lieu d'un renouvellement du rire, d'une lueur de modernité apportée à la République des lettres et de l'académisme en art. Or, curieusement, des mouvements comme le dadaïsme avec son cabaret de Zurich, le surréalisme puis le lettrisme ou l'Oulipo ne se revendiquent pas de cette source formidable, avant-garde un peu oubliée dont ils semblent pourtant suivre le sillage.
Préface, par Marine Degli.
Un baiser, c’est quelque chose de plus que le premier contact charnel de deux corps : c’est l’exhalation de deux âmes enamourées. Mais le baiser criminel longtemps retenu, longtemps désiré, est plus sensuel encore ; c’est le fruit défendu, c’est un tison ardent qui enflamme le sang. [Teleny, Oscar Wilde]