Depuis quatre ans que je suis au Gabon, ça ne me gêne plus qu'on m'appelle "le Blanc", "le White", "le Blanco"... Au début, je montais sur mes grands chevaux et répondais aux gens : " Ne m'appelez pas "Blanc", est-ce que moi je vous appelle "Noirs" ? " Aujourd'hui, je ne m'offusque plus, j'ai compris que la plupart du temps c'est amical.
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Ne vous laissez pas intimider, restez debout autant que vous pourrez.
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Raconter à la première personne les coulisses d'un évènement permet de sortir du journalisme conventionnel, d'introduire dans une histoire l'émotion qui fait trop souvent défaut dans les dépêches ou les articles "classiques".
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"Je vis dans le coeur paisible et prospère de l'Allemagne depuis plus de vingt ans. Mais je ne suis toujours pas à l'abri des coups de poignard du passé.
(...)
Le fait de connaître cette histoire n'est pas sans conséquence. Elle nous oblige."
"Les renforts de police arrivent, font peu à peu reculer les reporters, cameramen et photographes. Nous sommes tous partagés entre l'effroi d'assister à de telles scènes et la jubilation, que certains pourront trouver malsaine mais qui fait partie du métier, d'être là, à ce qui sera par la suite dénommé "Ground Zero", le "point zéro" de cette journée. Nous savons qu'elle entrera dans l'histoire. Pour un reporter, c'est là qu'il faut être."
"Qui sont ces gens? Des migrants illégaux? Des réfugiés? Je vois des gens comme vous et moi."
""Pour le moment, personne ne s'occupe du bébé mort. (...) Je me demande ce que je ferais si ce bébé était à moi. Je me demande ce qui est en train d'arriver à l'humanité.
(...)
Puis une gendarme arrive, soulève l'enfant et le dépose dans un sac en plastique. Lui aussi, il pleure."
Un sergent, Rodrigo Garcia, résiste tant bien que mal aux manifestants qui tentent de le déloger. Soudain, je le vois s'asseoir, porter les mains à son casque et éclater en sanglots.
Le nord du Nigéria est majoritairement musulman, et l'islam influence en grande partie notre culture. Nous avons une approche fataliste de l'existence. Tout ce qui arrive est dicté par Dieu. Si nous nous faisons tuer, c'est parce que c'était écrit. Un proverbe en langue hausa dit : " Quand la mort vous appelle, il faut lui répondre. "
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"J'aimerais aller le voir à l'hôpital, pour lui apporter des fleurs. Pour moi, c'était avant tout un être humain qui brûlait, sous mes yeux. Et les manifestants s'en fichaient complètement."