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Critique de Charliebbtl


Une classe verte pour des élèves de CP, une thématique on ne peut plus bucolique et mignonnette, voilà ce que Grégoire Courtois nous propose en apparence. Mais dès la fin du premier chapitre, l'auteur règle définitivement la question de l'épilogue :

« le bus s'était éloigné de la grande rue du village et les silhouettes longilignes des parents avaient rétréci derrière les vitres couvertes de buée.

Et voilà.

Les enfants étaient partis.

Et jamais ils ne reviendraient. »

Le travail du lecteur s'avère ainsi facilité. La question n'est plus de savoir qui va mourir mais comment. Et Grégoire Courtois, tel un apprenti serial-killer, va déployer toute une combinaison de morts possibles dans le cas où vous décideriez de faire participer votre progéniture à une classe verte en pleine forêt. Et de l'imagination il va en avoir, surtout pour le dernier de ces petits « anges » (Un conseil, évitez de manger avant d'attaquer les pages 186 et suivantes !)

Les guillemets sont, toutefois, indispensables car le roman illustre avant tout l'idée selon laquelle, plongé dans un milieu « sauvage et hostile », l'homme retrouve ses instincts primaires même au plus jeune âge. Qu'on se rassure, nos petits héros âgés de 6 ans (hormis l'un d'entre eux) ne sont pas des monstres mais juste des proies traquées cherchant vainement à survivre à ces trois jours en plein air. Mais survivre nécessite parfois de côtoyer les frontières de la mort voire de les franchir. On constatera que les adultes ne sont pas mieux traités dans le roman puisque les trois accompagnateurs trépasseront eux aussi. Mais à qui la faute ?

Un massacre aux responsabilités partagées

Lorsqu'on nous narre le déroulement d'un massacre, habituellement, on commence par accabler celui qui en est à l'origine. Or ici, on constate rapidement qu'aucun des personnages n'a en apparence le visage d'un meurtrier (si ce n'est un à qui on pourrait pourtant, un court instant, trouver des circonstances atténuantes).

Alors comment une simple classe verte peut-elle se transformer en véritable « boucherie » à ciel ouvert ? L'intrigue nous apporte quelques réponses. Fort de cet enseignement, on évitera ainsi à l'avenir, pour toute classe verte digne de ce nom, de :

- raconter des histoires de souris désireuses d'apprendre à voler ;
- demander à un gamin « ce qu'il a dans la tête », surtout quand celui-ci a un père chasseur ;
- choper une gastro avant de partir ;
- s'endormir en cours de botanique ou d'EPS, lorsqu'il est question de course d'orientation notamment…

J'en passe et des meilleures. Avec cela, vos enfants devraient survivre… ou pas ! Les cartes sont désormais entre vos mains.

Le seul petit bémol

Une petite chose m'a, toutefois, un peu dérangé dans le roman : c'est la psychologie des enfants qui ne me semble pas vraiment adaptée à des élèves aussi jeunes. La violence dont certains sont capables n'est pas en cause car, après tout, la perversité n'a pas d'âge. Mais les nombreux monologues intérieurs et le vocabulaire attribués à ces petits élèves soulignent un décalage criant avec leur jeune âge rendant certaines situations peu crédibles. On verrait en eux plutôt de jeunes adolescents en puissance. Mais peut-être était-ce l'objectif du romancier afin d'établir une certaine distance pour le lecteur avec certains épisodes qu'on pourrait qualifier de gores et, ainsi, ne pas le rendre coupable de voyeurisme passif ? Car après tout, une fois les dernières pages lues, sachez que vous aurez été témoin d'une bonne douzaine de décès et que vous aurez peut-être aimé cela… Êtes-vous prêt à assumer cette responsabilité ?

En résumé, court roman mais grosse frayeur.
Lien : https://mespetitsplaisirsamo..
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