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Critique de nadejda


Sidonio Rosa quitte Lisbonne pour Vila Cacimba au Mozambique où il espère retrouver Deolinda une jeune femme originaire de cette ville dont il est tombé passionnément amoureux, qui est repartie sans explications peu de temps après leur rencontre.
Tout est étrange aux yeux de Sidonio dans cette ville de Vila Cacimba et plus encore dans la maison où vivent confinés les époux Sozinho, parents de Deolinda, et plus particulièrement Bartolomeu, le père, qui ne quitte plus sa chambre depuis qu'il s'est enfui de l'hôpital «L'hôpital est un espace malade» protestait le vieux. En s'échappant de cet antre, il retournait à ses anciens recoins. «Moi et la maison souffrons de la même maladie : de saudades, dit-il».
Un livre où dominent les ombres, celles de la maison aux rideaux tirés reflet de l'ombre qui a envahi les protagonistes tous hantés par Deolinda la fille du couple infernal que forment les Sozinho. Sidonio va se rendre chaque jour au chevet de Bartolomeu dans cette chambre où «on fête le chaos ou, comme on dit en ville, on danse avec les démons.»
Le lecteur assiste à un jeu de colin maillard au cours duquel, à tour de rôle, chacun se renvoient Sidonio Rosa, étranger au pays, qui s'imaginait impressionner ces «africains» lui le médecin portugais. Il a affaire à de plus madrés que lui, c'est eux qui vont le gruger. A chaque fois qu'il croit enfin apprendre et comprendre ce qu'est devenue Deolinda il est à nouveau devant une énigme, tiraillé entre Bartolomeu Sozinho, malade confiné dans sa chambre, sa femme Mundinha et Suacelencia l'Administrateur.
Chacun va le balader en lui révélant, par étape, des pans troubles de sa vie, des secrets mais sans le laisser atteindre ce qu'il est venu chercher.
Qui ment ?
Les questions lui reviennent renversées, détournées du sens qu'il leur donne et il se retrouve à chaque fois perdu. 
«Finalement, tout commence par une erreur. Et tout se termine par un mensonge» p 163


L'atmosphère pourrait être étouffante car les ombres y sont épaisses et tout semble clos, envahi par la mort. Mais la langue exerce sa magie et le décalage entre Sidonio et les habitants de Vila Cacimba fait de ce livre un livre qui «déjoue la tristesse» 

Comme Sidonio, le lecteur se sent un peu balloté avant d'être pris dans une séries de rebondissements. L'obscurité, les mensonges dans lesquels chaque personnage se débat et tente de se protéger vont se transformer comme pour dona Munda qui finit par avouer au docteur :

--- Je vous désire beaucoup, Sidonio.
Le portugais garde le silence, la respiration contenue.

--- Vous m'avez donné le plus grand médicament. Je rêve à nouveau.

--- Et vous rêvez de qui ?

--- Je rêve de moi-même.

Ils vont pouvoir aussi se dissoudre grâce à des brassées de fleurs blanches les «beijos da mulata», les fleurs de l'oubli. 



J'avais mis trois étoiles après ma première lecture et en relisant pour essayer de présenter ce livre je lui en mets quatre. Il est peut-être un peu moins poétique et attachant que «L'accordeur de silences» mais je ne regrette pas cette lecture et je sais que Mia Couto fait partie des auteurs qui ne me déçoivent pas.
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