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Critique de Soleney


Difficile de croire que ce texte date des années 70 tant il semble actuel dans ses propos…
132 ans après l'explosion de l'étoile Briareus Delta, la Terre reçoit l'onde de choc : les radiations sont si intenses que le climat est complètement perturbé, que des mutations mystérieuses apparaissent et que toute l'humanité devient d'un seul coup stérile.
Calvin, ancien prof d'anglais, est hanté par des visions de neige. Pourquoi ? Où mènent-elles ? Quand se passent-elles ?

Je me suis laissée embarquée par cette quête, par cette ambiance délétère et froide, par cette fin du monde qui est à la fois une condamnation et une libération. Une condamnation à mort pour les individus, mais aussi une libération pour celleux qui ne supportaient plus cette vie moderne insensée. Je ne résiste pas au plaisir de vous retranscrire une conversation entre Calvin et Margaret, son élève :
« — […] L'école. Les bonnes notes. L'université. Un diplôme. Un travail quelconque. le mariage, je suppose. Des enfants. La vieillesse. La mort.
— Ah ! La vie, quoi ?
— C'est ça, la vie ?
— Pour ceux qui ont de la chance, oui.
— Vous êtes sincère ?
— Je l'ignore. Sans doute. Ça me paraît sensé.
— Pour moi ça n'a aucun sens.
— Il y a une autre solution ?
— Je ne l'ai pas encore trouvée.
— Mais à part la vieillesse et la mort, rien ne vous oblige à faire tout ce que vous venez de dire. Personne ne vous y force.
— Tout le monde m'y force, répliqua-t-elle. En admettant simplement qu'il est normal, naturel de le faire. En rendant la chose si facile. Vous ne voyez pas ?
— Si vous entendez par-là que vous voulez échapper à vous-même, sans vous suicider, je ne pense pas que ce soit possible.
— Je veux être moi-même, voilà tout. »
Je me suis tellement reconnue dans cette jeune lycéenne qui sent sa vie lui échapper et les options disparaître. Qui n'a pas confiance dans sa vie d'adulte, qui ne voit l'avenir que d'un oeil désabusé. Ce passage m'a énormément fait penser à Donnie Darko : un film bouleversant dans lequel un lycéen lui aussi désabusé, trop intelligent pour ses proches, dénonce les limites de l'american way of life. Un film fantastique dans lequel le surnaturel touche à la science, mais aussi à la fatalité... Un peu comme le Crépuscule de Briareus.

Quoiqu'il en soit, j'ai été ravie de découvrir un roman de SF onirique et mystérieux, à la frontière du fantastique, qui laisse la part belle à une forme d'ésotérisme et réfute la froideur de la science pure.
Calvin est un narrateur touchant, loin d'un cliché machiste qu'on pourrait attendre d'un roman qui date d'une cinquantaine d'années (cf. Tau Zéro...). Sa relation aux femmes est pleine de douceur et d'empathie, raisonnable, chaleureuse. Au cours de l'histoire, il fait preuve d'une grande sensibilité : c'est cela qui fait de lui quelqu'un d'exceptionnel. C'est, en quelque sorte, un héros masculin doté de caractéristiques traditionnellement associées à la féminité, et c'est ce qui me l'a rendu sympathique.

Mais même si j'ai suivi avec un certain intérêt cette histoire post-apocalyptique, je ne m'y suis pas complètement plongée. Quelques longueurs m'ont refroidie, j'étais parfois confuse avec la chronologie : plusieurs timelines s'imbriquent et les personnages secondaires m'ont peu marquée.
J'ai aussi refermé ce livre avec une certaine frustration : toutes les réponses ne nous sont pas données (on ne saura jamais pourquoi la mutation entraîne une certaine frénésie sexuelle), et il nous faut accepter ce qu'on sait (qui est parfois déroutant), mais également ce qu'on ne sait pas.
Une bonne découverte, mais pas impérissable.
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