J'aurais voulu mettre leur comportement sur le compte d'une superstition de bas étage, mais quand une tante éloignée vint vers moi, un fin sourire aux lèvres, je vis affleurer dans ses yeux, tremblante mais impossible à rater, la question que je me posais moi aussi :
Laquelle de nous serait la prochaine ?
Ce qui flottait à la surface, rouge et festif, ce n'était pas du tout des fraises, mais des morceaux grossièrement taillés de poissons et fruits de mer. Le punch, c'était du sang.
"Nous n'irons nulle part. Nous sommes le peuple du Sel. Nous sommes liées à cette terre, à cet océan"
𝑳𝒂 𝒎𝒐𝒓𝒕 𝒅𝒆 𝒎𝒂 𝒔œ𝒖𝒓 𝒏'𝒂𝒗𝒂𝒊𝒕 𝒑𝒂𝒔 𝒆́𝒕𝒆́ 𝒂𝒄𝒄𝒊𝒅𝒆𝒏𝒕𝒆𝒍𝒍𝒆 𝒆𝒕 𝒆𝒍𝒍𝒆 𝒏'𝒂𝒗𝒂𝒊𝒕 𝒓𝒊𝒆𝒏 𝒂̀ 𝒗𝒐𝒊𝒓 𝒂𝒗𝒆𝒄 𝒖𝒏𝒆 𝒒𝒖𝒆𝒍𝒄𝒐𝒏𝒒𝒖𝒆 𝒎𝒂𝒍𝒆́𝒅𝒊𝒄𝒕𝒊𝒐𝒏. 𝑬𝒍𝒍𝒆 𝒂𝒗𝒂𝒊𝒕 𝒆́𝒕𝒆́ 𝒂𝒔𝒔𝒂𝒔𝒔𝒊𝒏𝒆́𝒆. 𝑬𝒕 𝒋'𝒂𝒍𝒍𝒂𝒊𝒔 𝒍𝒆 𝒑𝒓𝒐𝒖𝒗𝒆𝒓.
Je voyais qu'elle avait envie de m'écouter, mais je ne savais pas si elle accordait le moindre crédit à mes paroles. Etait-il plus facile d'y croire que de penser que sa sœur était une meurtrière ?
- Ce n'est pas Sterland, le problème.
L'expression de son visage exprimait ce que ses paroles ne disaient pas.
- C'est moi ? Fis-je, attérée. Moi ?
- Personne d'autre ne voit des gens qui n'existent pas.
J'avais gravi une vingtaine de marches quand quelque chose m'effleura les cheveux ; une caresse fantôme qui me fit m'arrêter.
- Danse avec moi, murmura une voix douce, juste derrière mon oreille.
Alors qu'elle passait dans un faisceau de clair de lune, elle se tourna et me sourit.
Ses yeux étaient ouverts. Grands ouverts, noirs comme de l'encre, et pleurant de sombres larmes huileuses.
Je ne sais pas, dus-je reconnaître. Il y a beaucoup de choses que je ne sais pas.