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Critique de michaelt


Tout a commencé le 30 octobre 2022. Par un message WhatsApp, je glissais à ma chérie une idée cadeau pour Noël : Only rock & roll de Michel Crépu. Forcément, en tant que fan des Rolling Stones, l'ouvrage avait immédiatement capté mon attention.

Près de deux mois plus tard, je découvrais fébrile un paquet à mon attention sous le sapin. J'avais complètement oublié mon message WhatsApp. La surprise n'en fut que meilleure.

Comme à mon habitude, j'ai commencé à lire le livre par la fin. Lire où et quand le livre a été imprimé. Lire l'ISBN. Une habitude prise à la BNF en 1995. Cette fois-ci une habitude porteuse d'une découverte : la date d'impression sonne comme un hommage... le 26 juillet étant la date anniversaire de Mick Jagger.

Un coup d'oeil à la dernière page, numéro 136. Je savais déjà que le plaisir allait être fugace. Des livres sur les Rolling Stones, j'en ai lu des tas. Qu'allais-je découvrir dans celui-là ?

L'auteur nous invite très vite dans son univers stonien : « Aujourd'hui, je me demande si je n'ai pas passé plus de temps à écouter les Stones qu'à lire Marcel Proust. » Question que je ne me pose pas tant la musique des Stones occupe mon quotidien depuis 43 ans. Depuis ce mercredi après-midi de 1979 où je les ai découverts dans le magasin de disques de ma mère.

Page 33 on découvre que « l'art d'être un Stone consiste à tout déchaîner sans perdre de vue un certain principe de sagesse qui seul permet la continuité. » Car oui, être un Stone, qui plus est pendant plusieurs décennies, est un art.

Un premier grincement m'oppose à l'auteur lorsqu'il affirme page 45 : « Il n'y a pas d'époque ni de période, chez les Stones, comme nous parlons de période chez Picasso ou les Impressionnistes. » Je ne suis pas d'accord. À défaut d'avoir écouté tous leurs albums, il suffit de lire l'excellent The Rolling Stones, La Totale, de Philippe Margolin et Jean-Michel Guesdon, pour s'en rendre compte.

Page 54, c'est la sortie de route : « Tocqueville eut fait un bon joueur d'harmonica. On peut aussi se saisir du problème en passant par là. » Ça m'échappe. Qu'est-ce que Tocqueville vient faire ici ? de quel problème parle Michel Crépu ? Quel est l'intérêt de ces deux phrases sans rapport avec ce qui précède ? Me voilà rendu à un peu plus du tiers de l'ouvrage, et la déception m'envahit. Je m'accroche aux mélodies des chansons des Stones qui résonnent dans ma tête à chaque titre évoqué.

Page suivante, l'auteur poursuit son entreprise : « Ils fêtaient leurs cinquante ans ou presque - ce qui est le cas au moment où j'écris ces lignes. » Perdu ! le livre a été écrit en 2022, année des soixante ans des Stones. Je frise l'agacement.

Malgré tout je poursuis car il n'est pas dans mon habitude d'abandonner la lecture d'un livre. Voilà que page 77 l'auteur affirme : « Notons qu'il n'y a pas non plus, au sens propre du terme, de culte rendu aux Stones ni à Jagger, ni à Keith, ni à Charlie, ni à Bill. » J'invite Michel Crépu à faire un tour sur les groupes Facebook de fans. Il verra qu'il y a un véritable culte aux Stones. J'ai moi-même été très ému en déjeunant en 2016 au Sticky Fingers, le restaurant de Bill Wyman à Londres. Ou encore en me rendant devant le portail de la villa Nellcôte en 2019. Sans parler de l'exposition itinérante Exhibitionism où l'on peut voir des milliers d'objets ayant appartenu aux membres du groupe, dans plusieurs villes dans le monde. Et je ne suis pas le seul à avoir fait le pèlerinage !

Sur la même page, cette fois-ci c'est un Beatles qui reçoit un coup qu'on ne comprend pas : « Qui parle de Lennon au XXe siècle ? » Énormément de monde. Ou alors l'auteur et son éditeur sont fâchés avec les chiffres romains et il fallait lire XXIe. Car il faut avouer qu'on parle moins de John Lennon en 2023.

La suite est un lent chemin où je ne remarque plus que les erreurs ou les constructions irritantes. Des phrases sans verbes compliquent la lecture. Des auteurs sont cités hors sujet (Barthes page 73, Proust page 74 (et aussi avant), Chateaubriand page 97). Des allers et retours dans le temps et sans logique perdent le lecteur. Je dois être trop rationnel pour apprécier. Pas assez littéraire. Tiens, je viens aussi d'écrire phrase sans verbe. J'ai dû être contaminé.

L'auteur a l'humilité de le reconnaître, il n'est pas un fan absolu : « le fan que je suis n'est pas en règle avec les instructions. » Eh oui, être fan des Stones est un boulot à temps plein. La conclusion sans transition s'oriente sur le classicisme des Stones. Je m'attendais à une démonstration. J'ai eu le droit à un voyage spatio-temporel teinté de quelques anecdotes sur les Rolling Stones, de quelques titres, pas assez à mon goût. La bonne nouvelle étant que les 136 pages se lisent vite.

En synthèse, un livre décevant pour un fan des Rolling Stones. Un livre brouillon pour les autres.
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