Isabelle Crépy m'a confié son premier roman,
Forest Hill, pour lecture et avis.
Un récit complexe difficile à résumer et à présenter…
Qui sont exactement les différents personnages, quels liens les unissent, quels secrets et mensonges les opposent ou bien les séparent ?
J'ai mis cette lecture en pause, départ en vacances oblige, à la fin de la première partie. Des personnages torturés, mystérieux se retrouvent dans un manoir isolé, à une époque indéterminée que je situerai volontiers en plein XIXème siècle ainsi que nous y invite la quatrième de couverture
En retrouvant ce livre, je me souvenais surtout de passages dialogués, théâtralisés, une polyphonie agréable à lire mais dont je saisissais mal les tenants et aboutissants. Les retrouvailles entre Marie et Jacques me paraissaient très loin, il y avait aussi Émilie et Louise, servante et gouvernante (?) dont les rôles ne sont pas clairement définis, et Camille, une jeune femme fragile et incontrôlable et même un comte et une mère vieillissante et dépendante… Des portes claquaient, on cachait des choses ; l'ambiance était à la fois feutrée et explosive ; la mort rodait. Si j'osais, je dirais que l'ambiance générale, entre rêve et réalité, me faisait un peu penser au Grand Meaulnes d'
Alain Fournier…
Le seconde partie bouscule la chronologie ; antérieure d'une génération par rapport aux évènements de la première, elle raconte la vie de jeune épouse délaissée et solitaire de Jeanne, depuis son arrivée à
Forest Hill, son amitié avec Louise, sa rencontre avec William. L'atmosphère devient très « campagne anglaise »…
J'avoue avoir été surprise par la manière dont l'autrice passe de la narration omnisciente à l'écriture à la première personne. le parcours de Jeanne est assez captivant, son personnage est attachant au gré des péripéties : un amour clandestin, une guerre, la maternité… Les motifs de la future quête d'identité de Marie s'explicitent, la déchéance de Jeanne prend sens.
Une troisième partie sous le signe du pardon… Encore une fois, j'ai fait une pause dans ma lecture, volontaire celle-là, afin de laisser un peu décanter mon ressenti.
Encore une ellipse temporelle dans le récit avec, cette fois, un grand bond en avant, un nouveau JE, celui de Gabriel ; le récit se transforme en un monologue désespéré, halluciné, mortifère. Les interactions entre les personnages demeurent théâtrales, déconcertantes aussi ; des liens se font et se défont ; les péripéties s'enchaînent…
La présentation du livre précise que « Marie, Jeanne et Gabriel tentent de survivre parmi les morts et les vivants. Les trois personnages en quête d'identité entremêlent leurs voix dans un voyage intérieur qui les emmène au bord de l'abîme ». Que dire de plus ?
Un premier roman étrange, plutôt très bien écrit, difficile à s'approprier, tout en atmosphère avec un côté « romantique » au sens culturel donné à la fin du XVIIIème et au XIXème siècles en Europe.
Pour un lectorat sensible à tout ce qui n'est pas expressément écrit.
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