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Critique de Seraphita


Garden Hills est un Eden, niché quelque part au coeur de l'Amérique, qui a grandi aussi vite qu'il s'est desséché. Jack O'Boylan, riche magnat industriel, est à l'origine de ce Paradis. Il a donné du travail à des familles, de l'argent et la promesse d'un avenir radieux. Mais il est parti aussi vite qu'il est arrivé et a laissé derrière lui une usine désaffectée, des machines inutiles et un paysage dévasté. Seules une douzaine de familles sont restées, dans l'attente du retour du Messie. En haut de la colline, vit Fat Boy qui a hérité de la fortune de son père, laquelle la tenait de Jack O'Boylan. Fat Boy s'enrichit du principe d'inertie et se plaît à ingurgiter toutes sortes d'aliments. Mais Dolly menace son univers, elle qui rêve de transformer Garden Hills en un site touristique à vocation sexuelle…

« Nu dans le jardin d'Eden » est un roman écrit par l'américain Harry Crews et publié en 1969. D'une manière originale, mêlant roman noir et absurde, l'auteur offre une version revisitée de la Chute originelle, sur fond de consumérisme à outrance.
Quels rêves peuvent subsister quand le Paradis s'est dérobé ? Chacune des familles livre sa réponse. Entre nostalgie d'un passé qui n'est plus et espérance d'un passé qui pourrait revenir, la souffrance trace son sillon acerbe dans les maisons, les coeurs et le paysage désolé alentours. Et l'on rencontre dans cet Eden en déshérence un curieux personnage juché sur une chaise, en train de participer à une course hippique devant sa télévision, jockey d'un autre espace-temps ; un ancien marchand de glace accompagne son cheval étique qui tire sa carriole de glace tandis que Dolly, revenue de New York, peint l'ancienne usine en rouge et y fait installer des cages pour mettre en lumière la Reine du phosphate ; un homme obèse, chez qui on pourra déceler une forme de perfection, passe ses journées à s'empiffrer.
Et au fil de ces descriptions étonnantes, décalées, noires et absurdes, on se prend à s'attacher à ces anti-héros, paumés dans cet Eden qui est devenu une cour des miracles, à ces rebuts d'un American Way of Life, aux rêves brisés trop vite, tels ceux de Jester, jockey prometteur, dont la première course s'est soldée par le suicide de son cheval.
Harry Crews met en lumière dans ce roman des personnages délaissés, pour beaucoup freaks de fête foraine, monstres qu'on exhibe pour en soutirer de l'argent et les décrit un étrange mélange d'ironie, d'absurde et de tendresse, finalement avec beaucoup d'empathie.
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