Citations sur Fête et défaites (28)
"Ils ont l'air très amoureux et au fond c'est ca le plus important, non ?" Gauthier eut un peu de mal à approuver.
Se marier, c'est faire un sacré pari sur l'avenir. C'est comme découvrir la première page d'un livre. Une première page est toujours faite pour donner envie. Elle suscite souvent de la curiosité, mais elle ne permet pas de savoir si le livre tiendra toutes ses promesses...Un emballage différent ne change pas le contenu... Prologue ou pas, Pacs ou mariage, les pages se suivrent et ne se ressemblent pas !
Depuis toujours, Yves collectionnait les impressions, pas n’importe lesquelles, uniquement les premières « car ce sont les plus pures, les plus volatiles aussi », avait-il pour habitude de dire. Et c’était tout un art, toute la difficulté consistant à les recueillir dans toute leur pureté originelle, de veiller à ce qu’elles ne soient polluées par aucune interférence. D’une fragilité extrême, une première impression peut rapidement s’altérer, s’oxyder au contact d’une humeur, d’une pensée, d’une association d’idées, sans parler des idées reçues, autant de filtres que l’on projette sur le monde ».
« Ce n’est pas qu’ils ne veulent pas s’engager, bien au contraire ! Ils s’engagent à s’aimer, indépendamment de toute convention, de tout lien, et du reste ils ne s’engagent qu’à cela. Ils vivent leur amour au jour le jour sans se faire des promesses qu’ils ne pourront peut-être pas tenir un jour. Tu sais, je crois que cette génération a vraiment été vaccinée par les divorces… »
Il repensa à cette journée, à cette cérémonie, à cette fête, aux invités, aux comédiens, à tout ce bruit qui s’était évaporé. Il ne restait que deux êtres qui s’aimaient intensément. Qu’allaient-ils devenir ? Le temps serait-il un allié ou leur pire ennemi ? Vivre à deux est si merveilleux et parfois si difficile… Qu’importe le flacon, se pacser ou se marier, c’est faire un sacré pari sur l’avenir… (page 255)
Alors, parce que c’est toi qui payes, on doit la fermer et dire merci ! Eh bien, tu veux que je te dise ? Eh bien, NON, on n’est pas contents d’en profiter et je vais même te dire : j’ai honte ! Honte de tout ce fric que tu as jeté par les fenêtres ce soir… Tout ça pour épater la galerie, pour en mettre plein la vue à vos amis et à vos relations ! (page 239)
Au bout de quelques minutes, totalement rassasié et épuisé, le bébé s’endormit et continua à téter de temps à autre, par réflexe. Sa mère le bascula doucement sur le côté, libérant au regard de Nicolas toute la plénitude de son sein lourd, gonflé de vie. Pudiquement, Nicolas voulut détourner la tête mais il n’y parvint pas ; il était comme suspendu à ce sein qu’il ne pouvait plus quitter des yeux. (page 197)
Grand habitué des réceptions estivales, André savait pourtant très bien qu’il ne fallait jamais tout donner sur le cocktail et qu’il était sage de se réserver pour le dîner… Il comparait souvent ces invitations à une course de fond et avait pour habitude d’expliquer à ses neveux qu’il fallait toujours partir doucement pour être certain d’en profiter jusqu’au bout ! (page 161)
Diplômé d’un master en philosophie, Max considérait qu’il avait pris un jour une décision courageuse et déterminante : il avait choisi de vivre la philosophie au quotidien, de façon pratique, et non de vivre de la philosophie au quotidien, comme un certain nombre de ses collègues devenus enseignants, ce qui aurait été pourtant bien pratique… (page 95)
Traumatisé par le divorce douloureux de ses parents et les frasques maternelles, Laurent était devenu mariageophobe. Pas par choix ou conviction, simplement par réaction parce qu’il avait vu ses parents se déchirer et qu’il voulait se prémunir d’une telle issue. (page 59)