Le cœur était décidément un organe particulier. On pouvait survivre des années à la perte d’un être cher, s’y habituer, se réconcilier avec la vie, et cependant, sans crier gare, dans un moment de faiblesse, le chagrin pouvait resurgir d’un seul coup, aussi douloureux qu’une plaie à vif.
Figée dans sa robe nuptiale, osant à peine marcher ou s’asseoir, Gisla n’était pas sans rappeler à Jeanne quelque oiseau exotique tué à la chasse, farci, troussé et prêt à subir la découpe.
Le remède est dans l'action
L'homme était le maître absolu de son épouse, de ses biens, de ses enfants, de sa vie même.
Elle ne saisissait pas pourquoi les jouvencelles de son âge étaient tellement avides de se marier, dans la mesure où ce sacrement condamnait toute femme à un état de servitude.
Et pourquoi, finit-elle par répliquer, la femme serait-elle inférieure par sa conception ? Elle fût peut-être créée en second, mais à partir de la côte d’Adam, alors que celui-ci était constitué de simple terre glaise.
[…]
Quant à sa place, reprit-elle, la femme devrait être préférée à l’homme, car Ève fut créée à l’intérieur du paradis, tandis qu’Adam naquit hors de ses limites.
[…]
Et en matière de volonté la femme devrait être jugée supérieure à l’homme, car si Ève croqua la pomme par amour de la connaissance et du savoir, Adam l’imita uniquement parce qu’elle lui avait demandé de le faire.
-Tu étais prête à aller me chercher, n'est-ce pas? chuchota **** au creux de son oreille.
-Oui, répondit-elle en un souffle, sans lever la tête.
-Sais-tu nager?
- Non.
On aurait dit [...]que l'enveloppe charnelle de Serge abritait deux êtres distincts: l'un dissolu, vulgaire et veule, l'autre cultivé, intelligent et plein de prévenance.
"Dans son cas, c'est le vin qui déclenchait la métamorphose. Doux et aimable lorsqu'il était sobre, le pontife devenait effrayant sous l'empire de l'alcool.
Elle était vouée [...] à laisser sans cesse derrière elle les gens qu'elle aimait. Telle était le prix de la destinée singulière qu'elle s'était choisie.
-Les saxons ? Une tribu sans dieu !
[…]
- La plupart d’entre-eux sont aujourd’hui chrétiens - si tant est qu’on puisse l’être vraiment quand la foi vous a été imposée par le feu et au fil de l’épée.
[…]
- Tu n’approuves pas la vocation de l’Église à convertir les païens ?
- Quelle valeur peut avoir une confession de foi obtenue par la force ? Sous la torture un être humain est capable d’abjurer tout ce qu’on voudra pour se délivrer de la douleur.
- Et pourtant c’est Notre Seigneur lui-même qui nous a enjoints de répandre la parole de Dieu. « Allez porter la bonne parole à toutes les nations, et baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. ».
-C’est exact mais…[…] Je crois qu’il convient de considérer l’ordre dans lequel le Christ a édicté ses commandements. Il s’agit tout d’abord d’apporter la bonne parole aux nations, et ensuite seulement de leur offrir le baptême. Nous ne sommes pas tenus d’imposer ce saint sacrement avant que les esprits n’aient embrassé la foi par le biais d’une compréhension rationnelle. Enseignez d’abord, a dit le Christ, et baptisez ensuite.