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Critique de Levant


Au départ était une légende. Celle qui veut que le sanctuaire très masculin de la papauté ait été floué. Qu'une femme se fût immiscée dans la liste de succession. Cette intruse que la légende retiendra sous le nom de papesse Jeanne et que ses successeurs s'empresseront d'effacer des élus au trône De Saint-Pierre. Même si c'est à un homme que le peuple de Rome aurait remis la mitre papale, puisque c'est sous le travestissement que Jeanne aurait été élue au trône De Saint-Pierre par la vox populi, l'élection ne se faisant pas à huis clos en ce temps.

Avec cet ouvrage Donna Cross nous ramène au 9ème siècle. En un temps où le christianisme en quête de monopole sur les consciences commence à s'imposer au monde barbare et tente d'y supplanter les divinités païennes qui font encore de la résistance.

Le pari de cet ouvrage était d'inclure une légende, qui sera formellement contredite après un quinzième siècle qui lui fit la part belle, dans des faits historiques avérés dont l'auteure nous prouve qu'elle en a fait une recherche documentaire fouillée, le tout aggloméré avec le liant de la fiction. Heureux amalgame quand ladite fiction ne sombre pas dans la sensiblerie sirupeuse que l'on redoute de la part des auteurs en quête d'audience moderne. Et qui eut été incongrue à une époque de vie pour le moins rude.

Voilà donc à mes yeux un roman historique de très bonne facture. J'aime quand les légendes laissent planer le doute sur la part de vérité de leur fondement. Surtout lorsqu'elles égratignent l'univers de la religion dont on connaît que trop à la fois le caractère péremptoire et misogyne et sa hargne à préserver son monopole sur les consciences.

Roman foncièrement féministe aussi que L'indomptée. D'autant plus crédible qu'il présente la condition de la femme de l'époque sans en faire le procès. C'eut été anachronique d'ailleurs, tant cette dernière était formatée, accoutumée à la relégation et à n'oser en tenir grief à son dominateur. Donna Cross le suggère en citant les écrits de référence tel ceux de Paul qui doit sans aucun doute sa sainteté à ses épitres aussi tranchées que dénuées de légitimité : « Je ne permettrai pas à une femme d'enseigner, pas davantage de dominer un homme ; elle devra rester silencieuse et écouter avec soumission. » Ou encore, pour le plaisir du coq qui fera encore loi de sa force physique : « les femmes sont en dessous des hommes, par leur conception, par leur place et par leur volonté. » Et d'autre encore du même tonneau que nous servent les canonisés de tout bord et que Donna Cross glisse sans acrimonie dans cet ouvrage. Mais ça ce n'est pas de la légende.

Merci Donna Cross pour cet ouvra fort bien écrit, construit et pesé entre légende, faits historiques et fiction. Fiction sur fonds d'histoire d'amour, il va de soi. Il en faut bien de ce sentiment si singulier dans un monde avare de ses bienfaisances.

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