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Critique de Bruno19



Reçu dans le cadre de MASSE CRITIQUE en partenariat avec l'éditeur


Qualifié de "thriller" par l'éditeur comme beaucoup de livres aujourd'hui (cela doit faire vendre), j'aurais plutot titré "espionnage" ou "politique fiction". En effet le fond de l'histoire est typiquement une affaire d'espionnage mélée à des magouilles economico-politiciennes, mises en roman mais s'appuyant sur des bases très réelles.

Mon avis sur le fond pour commencer:

L'auteur, aujourd'hui romancier a commencé sa carrière comme conseillé en géopolitique auprès du secrétaire d'état au commerce extérieur en 1995, avant de mettre ses compétences au service du commerce diamantaire en afrique. Connu à ce titre, il est contacté en 2009 par Saïfee Durbar, un homme d'affaire pakistanais qui va lui faire d'étonnante révélation sur une sulfureuse affaire. Ces révélations concernent "l'affaire" URAMIN qui implique Anne Lauvergeon dirigeante du grand groupe Français Areva et dans laquelle apparaissent plusieurs acteurs connus de la scène politique.

N'étant plus consultant et seulement romancier, Vincent Crouzet en fait un roman dans lequel il maquille les identités (Anne Lauvergeon devient Henri de Nogaret, Uramin devient Urafrik,...) et certains faits (Durbar ne contacte pas l'auteur mais un espion de la DGSE)

Pour le reste le livre reste un roman à tiroir et le lecteur curieux pourra se replonger dans la véritable affaire pour imaginer les véritables protagonistes sous leur alter ego littéraire. On y reconnaitra assez facilement un ancien président de la république et ses amis Claude Guéant et Patrick Balkany.

Les amis de Nicolas Sarkozy ou d'Anne Lauvergeon accuseront l'auteur d'avoir écrit ce roman pour leur porter atteinte, d'autres préféreront penser de façon un peu simple et lapidaire "tous pourris" (ce que l'actualité pousse à penser un peu trop souvent j'en convient et la valeur de l'honnéteté semble très fragile et en voie de disparition face à l'argent, mais pas qu'en politique malheureusement...), d'aucuns diront peut etre aussi "oui mais ça c'était avant" (mais je crains qu'ils ne déchantent un jour, malheureusement aussi).

Pour moi, sur ce point, j'en reste à ce qu'écrit l'auteur lui même en postface (je résume en un extrait): "la liberté du romancier [...] est de croire ce qui n'est peut être pas, de se laisser embarquer, de lier l'imagination aux faits, de construire et déconstruire des silhouettes. Je n'ai pas tout inventé[...] je n'ai pas la prétention d'avoir écrit la moindre vérité car je reste circonspect sur de nombreux points de ce dossier"

Alors en résumé l'histoire qui nous est conté (vrai ou fausse) est forcément intéressante, typiquement une histoire d'espion avec ses faux semblants, ses manipulations, ses intérets politiques et économiques qui peuvent broyer des vies. La limite de cet exercice, c'est que pris dans le carcan de faits réels, le romancier se trouve contraint à respecter un nombre de personnages un peu élevés et de ce fait leur accorder une place limitée parfois. Je l'ai regrété pour certains.

Après le fond, la forme:

480 pages de roman qui m'ont été globalement agréables à lire à l'exception de quelques passages. Je ne connais pas cet auteur, je ne sais donc pas si la critique qui suit est généralisable à tous ses livres ou si c'est une figure de style propre à celui ci. J'ai eu un peu de mal avec des passages écrits en style quasi télégraphique. Phrases courtes. Un mot. Parfois deux. C'est quelquefois intéressant pour syncoper une action ou rendre un passage plus dur, plus sec, plus rapide. Mais dans certains chapitres de Radioactif ce style est trop utilisé, trop longtemps, rendant la lecture hachée ou donnant presque à penser que l'auteur veut nous décrire une scéne à la manière d'un synopsis sans s'embéter à trouver des phrases (exemple dès le début "4 décembre 2005, 1 h 15 du matin.
Aéroport Ben-Gourion de Tel-Aviv. Zone d'arrivée internationale. Arrivée du vol Ethiopian Airlines 404 en provenance d'Addis-Abeba.
Tailleur gris, jambes moins sages, escarpins pressés mais pas trop, chignon pas encore délié, yeux noirs sur visage tanné sous un ciel d'Afrique, encore plus brune, Rachel Rachminov suit la ligne jaune qui conduit inexorablement au premier poste contrôle.). Et c'est d'autant plus dommage que par ailleur plein d'autres passages sont écrits de façon tout à fait correcte donnant un bien meilleur sentiment à leur lecture.

Mon deuxième reproche sera l'utilisation inapropriée de mots anglais. Je ne suis pas un puriste du français et je trouve tout à fait normal de retrouver ici et là dans un dialogue ou une description mettant en scène des agents du MI6 une expression en VO ainsi que dans la bouche du "radjah", mais parfois au détour d'un paragraphe on retrouve les highways (de johannesburg où l'on parle anglais je vous l'accorde mais "l'autoroute johannesburg - pretoria" était aussi précis) qui nous emmènent vers Reddersburg Middle class vicinity... C'est un détail, c'est peut être du à l'auteur qui a vécu en Afrique du Sud et a sans doute manié quotidiennement la langue anglaise dans ses précédentes activités, mais à mes yeux de lecteur (pour ces passages non justifiés uniquement) cela m'accroche l'oeil comme un effet "mode" pour faire "branché" sans réelle justification.



Globalement un roman qui interessera fortement les passionnés d'actualité, les lecteurs friands de découvrir les coulisses du pouvoir et des affaires, et les amateurs d'espionnage (au sens affaires, pas au sens "action").

Lien : http://leslivresdemavie.over..
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