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Critique de Lamifranz


Saint-Clar est une petite ville du Sud-Ouest, comme il y en a tant, avec son gave qui coule le long de vieilles maisons, avec sa jeunesse qui se cherche, ses hobereaux ancrés dans leurs habitudes du siècle d'avant… Une petite ville qui ressemble furieusement à Orthez (Basses-Pyrénées, aujourd'hui Pyrénées-Atlantiques). Ce n'est pas tout-à-fait un hasard, puisque c'est la ville de naissance de l'auteur Jean-Louis Curtis, un écrivain un peu oublié aujourd'hui (il fut pourtant prix Goncourt et membre De l'Académie Française), auteur de plusieurs romans primés, de pièces de théâtre (traductions remarquables de Shakespeare) et auteur, ce qu'on sait moins, de savoureux pastiches.
Les forêts de la nuit nous transporte donc à Saint-Clar dans les années noires de l'Occupation. Comme beaucoup de jeunes gens, Francis, 17 ans, va se trouver au carrefour de deux choix : la Résistance ou la Collaboration. Ce sera la Résistance. Il y laissera la vie, et sa mort sera "récupérée" par des notables sans vergogne, dont certains même avaient pactisé avec l'occupant.
L'histoire est dense, les évènements s'enchaînent, créant une machine infernale qui broie les personnages. le roman, écrit en 1947, raconte des choses et décrit des situations qui sont encore dans tous les esprits et toutes les mémoires. Peut-être fallait-il un certain courage pour écrire, en filigrane, ce qui s'est réellement passé, et sans les nommer fustiger certains personnages douteux et certains comportements condamnables. Cela dit, toute la France occupée (et au-delà aussi, j'imagine) a connu ce genre de choses.
Il y a donc au moins deux lectures de ce roman : une lecture "terroir" où les gens du coin reconnaîtront des lieux qu'ils ont fréquentés, des personnes qu'ils ont connues ou des situations qu'ils ont vécues; et une lecture plus élargie où sont évoqués les grands problèmes qui se sont posés pendant l'Occupation et à la Libération, ainsi que les questions existentielles sur la vie et la mort, ou encore l'engagement..
Le romancier, ici, se double d'un observateur méticuleux, qui dresse un tableau peu glorieux de la mentalité provinciale collaboratrice et veule, et par contre accorde un intérêt profond et une tendresse réelle à ces personnages entraînés dans un drame qu'ils n'ont pas voulus, ou pas su maîtriser.
Les Forêts de la nuit a obtenu le Prix Goncourt 1947
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