Impropable
(...)
Les mots meurent de n'être pas employés, mais, s'ils le sont à mauvais escient, ils perdent saveur et vigueur.
Dispatcher
On rencontre de plus en plus l'anglicisme dispatcher en lieu et place de répartir. Il ne faut pas employer ce terme qui, de surcroît, n'est pas l'équivalent de l'anglais to dispatch. Ce dernier, en effet, ne signifie pas "répartir", mais "expédier", avec la nuances de hâte que l'on peut trouver dans ce verbe français. Dans We soon dispatched our dinner, "Nous eûmes bientôt expédié notre dîner", apparaît bien l'idée de vitesse, mais aucunement celle de répartition. On utilisera donc, en fonction des circonstances répartir, ranger, classer, trier, etc.
On dit :
Répartir les élèves dans les classes
Ranger les marchandises en fonction des envois
Distribuer les tâches
On ne dit pas :
Dispatcher les élèves dans les classes
Dispatcher les marchandises en fonction des envois
Dispatcher les tâches

Vive l’étymologie !
Prenez l’exemple de la curiosité, ce sel de la vie.
Comment tuer à jamais la phrase idiote qui a ravagé notre enfance : la curiosité est un vilain défaut ?
Revenez au latin. Curiosité vient de cura, qui veut dire « la cure », comme dans cure ou curatif.
Donc le curieux est celui, ou celle, qui prend soin.
Et c’est l’indifférence, le plus vilain, le plus asséchant des défauts, cette manière fermée de vivre, verrouillé en soi-même, sans jamais trouver matière ou personne à distinguer, à célébrer.
Voulez-vous un exemple supplémentaire ? Réussir.
Cette fois, passons par l’italien.
Le cœur de ce mot, c’est le verbe uscire, qui veut dire « sortir, trouver la sortie ».
Dans la vision traditionnelle, celui, ou celle, qui a réussi est installé, immobile, calé dans un grand fauteuil, cigare aux lèvres. Erreur. Le réussi a trouvé la sortie. Ou n’en est pas loin.
Quelle sagesse !
Oui, vive l’étymologie !
Elle offre de délicieux et nourrissants voyages, par ailleurs gratuits et qui ne craignent aucune grève de pilotes.
Erik Orsenna - Le 2 octobre 2014
« La langue française est immortelle à condition que chacun des mots qui la composent soit soumis à un examen permanent, et que les préjugés qui l’encombrent soient éliminés un par un. L’immortalité ne consiste pas à être figée à un moment donné du temps, mais au contraire à rester vivante. » (p. 183)
CHÂTAIN, adj.
XIIIe siècle ; XIXe siècle, pour châtaine, resté rare. Tiré de châtaigne, employé comme adjectif avec un substantif féminin. Rare au féminin. En parlant des cheveux. Qui est couleur de châtaigne, d'un brun-roux plus ou moins foncé. Des cheveux châtains. Par méton. Se dit d'une personne dont les cheveux sont châtains. Il était blond, mais, en grandissant, il est devenu châtain. Elle n'est ni blonde ni brune, mais châtaine. Subst. Ses cheveux sont d'un beau châtain. Des cheveux d'un châtain doré ou, ellipt., châtain doré.
À propos de Byzance, on considère généralement que le passage du tutoiement au vouvoiement pourrait venir de Dioclétien (245-313), qui divisa l’Empire romain entre Orient et Occident, chacun des deux nouveaux Auguste étant assisté lui-même d’un César. Quand l’un des souverains parlait non pas en son nom propre mais encore au nom des trois autres, il renonçait à l’ego, première personne du singulier, pour le nos, première personne du pluriel, et on lui répondait par le vos, deuxième personne du pluriel…Dont acte !
Frédéric Vitoux - Le 6 juin 2013
Il existe six mille langues parlées dans le monde, dont plus de la moitié ne jouissent pas encore de l’écriture. Chiffre impressionnant, une langue meurt tous les quinze jours. Les experts pensent qu’en 2100, il n’en restera plus que six cents.
Cette question rejoint celle de la biodiversité. Les espèces vivantes meurent, nos langues suivent cette même destruction.
D’autre part, le monde a toujours ressenti le besoin d’une langue de communication.
Dans l’Antiquité, le grec a servi de koinè, c’est-à-dire de langue commune aux marins, aux commerçants et aux savants. Synagogue est un mot grec et non hébreu ; pyramide est un mot grec et non égyptien.
Michel Serres - Le 5 décembre 2013
Son but n’est pas de « faire joli ». Ni même de s’accrocher à une conception formelle du « correct ». Son but est d’éviter qu’une confusion dans les mots n’entraîne une confusion dans les idées. L’Académie ne se préoccupe pas d’élégance : elle se soucie de précision et d’efficacité. Elle cherche à épargner au français et aux Français le destin cruel de Babel.
Confucius, en Chine, pensait que la rigueur de la langue était la condition première de toute cohérence politique et sociale.[...]
Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement
Et les mots pour le dire arrivent aisément.
Le langage, naturellement, est le fruit de la pensée. Mais la pensée, à son tour, est le fruit du langage. Un français correct n’est ni une affectation ni un luxe. C’est la garantie d’une pensée sûre d’elle-même. La beauté de la langue n’est que le miroir d’une raison capable de mettre de l’ordre dans le chaos du monde.
Jean d’Ormesson Le 5 avril 2012
Je voudrais faire, ici, un éloge de l’alphabet. Je ne parle pas de littérature, mais du simple fait de pouvoir exprimer des sentiments personnels en jouant avec ces vingt-six lucioles qui éclairent la page parfois ingrate. On n’a aucune idée de la puissance de ces lettres en apparence si fragiles et si discrètes qu’on ne se soucie plus de leur existence après un apprentissage pourtant dur. [...]
Seules les minuscules lettres de l’alphabet connaissent la fin de l’histoire. Elles continuent à frétiller en cherchant à former des mots, des phrases, des pages et des livres que nous nous évertuons d’écrire ou de lire.
Dany Laferrière - Le 1er décembre 2016
PALLIER, v. tr.
(se conjugue comme Crier). XIVe siècle. Emprunté du latin tardif palliare, « couvrir d'un manteau », puis « pallier », lui-même tiré de pallium, « manteau ».
☆1. Dissimuler une chose fâcheuse ou lui donner une apparence favorable. Il essaie de pallier sa faute. Il pallie son ignorance par des airs entendus. Par ext. Remédier à un mal de manière provisoire ou partielle, ou en apparence seulement. Il pallie le mauvais état de ses affaires par des emprunts.
☆2. MÉD. Supprimer ou atténuer les symptômes d'un mal sans le guérir. Pallier le mal.
• Pallier à est une construction incorrecte.