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Critique de Fandol


J'ai eu beaucoup de mal à apprécier La dépendance, de Rachel Cusk. Tout d'abord, la forme m'a déplu : cette espèce de long récit à un dénommé Jeffers est très désagréable. Je ne sais pas qui est ce Jeffers dont le nom revient régulièrement. Très pénible.
De plus, je n'aime pas ce procédé qui consiste à ne pas donner de nom à certains personnages, les plus importants d'ailleurs. La narratrice est M et le fameux peintre qu'elle invite dans sa propriété du marais est dénommé L. Par contre, les autres sont bien identifiés : Justine, la fille de M, Tony son second mari, Brett la jeune femme accompagnant L, Kurt le compagnon de Justine, etc…
Cela est sûrement un procédé littéraire déjà utilisé mais je n'adhère pas du tout et, à mon avis, cela nuit à la fluidité de la lecture. Alors, puisque j'avais écouté Rachel Cusk parler de son roman aux Correspondances de Manosque 2022, j'étais vraiment curieux de la lire, surtout que le beau bandeau Prix Femina étranger 2022 orne la couverture du livre.
En fait, La dépendance se révèle double. C'est d'abord une maison remise en état par M et Tony afin de pouvoir accueillir amis ou artistes tout près de leur résidence principale, au bord de l'océan, un endroit entouré de marais.
La seconde dépendance est beaucoup plus trouble et compliquée. C'est celle dont est victime, volontairement ou malgré elle, la narratrice, vis-à-vis de ce peintre célèbre : L.
Après avoir décommandé sa venue, l'accepte enfin l'invitation mais Justine et Kurt sont installés dans la dépendance. Qu'importe ! M et Tony leur demandent de laisser la place à l'artiste pour venir habiter avec eux dans la grande maison.
Débute alors une longue introspection pour cette femme souvent mal dans sa peau. Elle est fascinée par ce peintre, éprouve un sentiment trouble pour cet homme qui ne lui renvoie que du mépris.
Le fait que le peintre débarque avec Brett, beauté éblouissante, n'arrange pas les choses. La vie pratique de ces quatre personnes n'est qu'anecdotique mais elle permet d'apporter du liant dans leurs relations souvent surprenantes.
Rachel Cusk va bien au bout de l'histoire de ce peintre célèbre, tellement bizarre et imprévisible comme la plupart de ces génies… Blandine Longre, la traductrice, réussit admirablement à rendre le style d'une autrice à l'écriture et au vocabulaire très riches.
Quand on héberge un artiste qui ne laisse pas indifférente, il faut choisir entre sécurité et liberté, regarder par la fenêtre ou sortir de la maison. C'est le difficile dilemme que doit affronter la narratrice.
Dans La dépendance, Rachel Cusk développe avec talent ses conceptions de la féminité. Elle disserte sur les peintures de l'artiste, y revient souvent sans donner une vraie solution aux interrogations qui la dévorent. Heureusement, les paysages dans lesquels l'autrice fait évoluer son lecteur sont magnifiques et donnent envie de les découvrir.
Pourquoi l'demande à Tony et à Justine de venir poser pour lui sans inviter celle qui n'attend que ça, celle qui en meurt d'envie ? Pour le savoir, il faut lire La dépendance, un roman qui trouve toute sa saveur dans cette admirable phrase finale : « L'art véritable revient à s'efforcer de capturer l'irréel. »

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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