AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de camati


Je remercie Babelio et les Editions de la Gouttière de m'avoir permis de découvrir la BD sans texte pour jeunes enfants A L'Unisson de Delphine Cuveele et Dawid. Par le même biais, des mêmes créateurs et sur le même modèle, j'avais déjà lu Pas de Deux.
Cet opus-ci est construit sur un concept original : l'ajout de la dimension musicale, puisqu'il a donné lieu à la collaboration avec l'Orchestre de Picardie qui interprète la célèbre et mélancolique 40ème symphonie de Mozart. le début de chacun de ses quatre mouvements est discrètement signalé dans le livre par une petite silhouette de chef d'orchestre dans la pagination.
En effet, il est possible de « lire » A L'Unisson de façon classique, ce qui demande tout de même un effort d'imagination en l'absence de texte ; chaque petit lecteur ou petite lectrice peut y lire ce qu'il a envie d'y voir, en fonction de sa propre expérience et de sa personnalité. Il est également possible d'écouter la musique en même temps. Chaque mouvement musical est adapté au contenu des vignettes, ou l'inverse, Mozart ayant préexisté aux auteurs! Une initiation donc au monde de la musique par le truchement de la lecture, en particulier aux divers tempos d'une pièce de musique et les émotions qu'ils expriment et suscitent.
Le premier mouvement, molto allegro ( à savoir très joyeux) nous présente la petite héroïne et sa famille mélomane, dans un décor assez lumineux malgré le soir tombant et chaleureux au moment du coucher. Mais lorsque la lumière s'éteint, un orage éclate et des ombres tapissent la chambre, transformant même les objets et peluches les plus familiers en personnages inquiétants. La fillette réagit en se saisissant de sa baguette magique pour les faire disparaître jusqu'à ce qu'une autre, plus grande et plus terrifiante (sa propre ombre), ne la fasse s'enfuir dans un trou noir.
Le second mouvement, andante (plus modéré que le précédent), ramène la petite à la lumière mais en pleine nature, au milieu des oiseaux, petit intermède de douceur. L'un des oiseaux s'empare de sa baguette et joue les chefs d'orchestre avec ses oisillons mais cela déclenche la réapparition de la grande ombre (le côté obscur de la fillette peut-être ou la représentation de ses angoisses nocturnes) qui attaque les oiseaux. L'un d'entre eux est alors blessé et la fillette utilise un morceau de sa baguette pour lui fabriquer une attelle ; avec le restant et les plumes tombées dans la bataille, elle se fabrique une sorte de ruban de gymnaste. Imagination et générosité sont au pouvoir.
Le troisième mouvement, le menuet (danse) nous emmène dans l'imaginaire (le rêve) de l'enfant : un monde qui a évoqué pour moi celui d'Alice au Pays des Merveilles ; au lieu de descendre dans le terrier d'un lapin, elle rentre dans un tronc d'arbre et se retrouve sur la scène d'une salle de spectacle où elle va se lancer dans une danse échevelée (en accord avec le tempo) avec l'ombre, mais celle-ci ne semble plus aussi menaçante, comme si elle l'avait apprivoisée ou domptée.
Lorsque commence le quatrième mouvement, allegro assai (très vif), nous retrouvons l'héroïne endormie dehors sur le sol. L'ombre vient à nouveau la narguer ; elle semble jouer à un jeu, mais la petite fille n'a plus peur et, après une course poursuite, elle parvient à l'anéantir. Et finalement, elle se retrouve dans son lit comme si tout cela n'avait été qu'un rêve…
Je vous suggère d'aller voir les extraits postés sur Youtube par l'Orchestre de Picardie car cette collaboration a donné lieu à des représentations sur grand écran. Les images sont diffusées au rythme de la musique, ce qui lui confère encore une autre dimension.
A mon sens, cet opus s'adresse à des enfants fréquentant déjà assidûment les livres, les histoires un peu élaborées voire complexes, car l'absence de texte fait appel à leur imagination qui doit donc avoir été nourrie auparavant.
Je vous conseille cette lecture originale et, pourquoi pas, le spectacle s'il se produit dans votre région.
Commenter  J’apprécie          52



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}