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Critique de ivredelivres


Montelice, un village perdu des apennins, tout juste un village d'ailleurs «sept maisons adossées et rien d'autre» le curé est là depuis trente ans, c'est lui qui raconte.
Il raconte la vie du village, des gens qui sont là depuis toujours, qui vivent au rythme des saisons, accomplissant des tâches dures avec des gestes vieux de mille ans. Les hommes rentrent des pâturages à la lumière des lanternes le soir, le climat est rude et le curé a déjà vu trente noëls ici, sous la neige. La misère est le lot commun, le prêtre s'inquiète « j'ai vraiment peur de ne plus pouvoir être utile à grand-chose dans un cas de ce genre. Tout cela est pour moi une autre langue...Fêtes, saintes huiles, un mariage sans façon, voilà désormais mon lot.»
Le curé s'interroge car une femme, nouvelle dans ce village, l'intrigue, elle semble toujours sur le point de lui parler mais au dernier moment renonce. C'est Zelinda, pauvre entre les pauvres, elle lave le linge des villageois, se nourrit d'un croûton de pain et du lait de ses chèvres. Elle vit hors du village « plus loin que le sentier des ormes, juste à la limite de la paroisse, et après ce ne sont que ravins, toubières ou pire encore».
Jour après jour il la voit laver le linge, un jour elle vient au presbytère l'interroger, mais c'est une ruse, sa question est sans objet, du moins elle n'a pas posé la question qui la tourmente, elle a feinté. Quand va-t-elle se décider ? Enfin un jour elle dépose une lettre à son intention.
J'arrête là car il y a un suspense dans ce récit, comme le vieux curé, on attend, on essaye de comprendre cette femme. Silvio d'Arzo dont c'est la nouvelle la plus connue, nous arrache à notre petite vie pour nous faire vivre au rythme de sa prose, sèche, dure, les couleurs sont sombres dans ce pays de désolation « Les ravines et les bois, les sentiers et les pâturages deviennent d'une couleur vieille rouille, puis violette, puis bleue »
Dans une seconde nouvelle "Un moment comme ça" autour de la disparition d'un soldat son récit est sobre et tragique.
J'ai beaucoup aimé ces deux récits, graves, cruels, qui laissent le lecteur avec des questions qui n'ont peut être pas de réponse. On peut rapprocher ce livre des récits de Ferdinando Camon (jamais vu soleil ni lune) mais plus encore des hommes et femmes décrits par Carlo Levi dans « le Christ s'est arrêté à Eboli ».

Lien : http://asautsetagambades.hau..
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