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Critique de Andromeda06


Avec ce nouveau roman, Mélissa Da Costa s'éloigne du genre "feelgood" auquel elle m'a habituée jusqu'ici. "La doublure" est en effet bien trop sombre et malaisant pour être rangé dans cette catégorie. Loin de nous faire du bien, au contraire, j'ai ressenti tout autre chose pendant ma lecture, un sentiment très bizarre, à la limite du glauque, qui m'a clairement gênée pour pouvoir l'apprécier dans son entier.

Evie, à la recherche d'un emploi, va croiser par hasard Pierre, en quête d'une assistante pour sa femme Clara, artiste peintre qui commence à peine à se faire connaître sous le nom de Calypso Montant. Au fil du temps, Evie va comprendre que ce qu'on attend d'elle ne se limite pas uniquement à organiser des expos et répondre aux mails de sa patronne. Clara, qui ne veut pas se prêter aux jeux des journalistes, ni se montrer en public, qui ne veut que se consacrer à ses tableaux, attendra d'Evie qu'elle devienne son image, son double, sa doublure... C'est Evie qui se déplacera là où on attend l'artiste, qui donnera le change, toujours au bras de son pseudo-mari Pierre. Tantôt Calypso, tantôt Evie, ses sentiments et impressions finissent par se mélanger. Elle basculera dans un monde auquel elle n'était pas préparée : drogues, échangisme, romantisme noir révéleront sa vraie personnalité...

Mélissa Da Costa a pour habitude de nous gâter avec ses livres épais, dans lesquels on a toujours beaucoup à lire, nous permettant de rester un moment dans la même histoire. En cela, je ne le lui reproche pas, bien au contraire. Elle prend le temps de camper ses personnages, son contexte et ses décors. Ici, on baigne dans le milieu de l'art, celui du romantisme noir plus précisément, lequel je ne connais pas grand-chose je dois l'avouer. J'en ai donc appris énormément sur ce courant. J'ai même pris plaisir à consulter sur Google chacune des oeuvres évoquées. Les différentes théories sur l'histoire d'Adam, Ève, Lilith, le Serpent et Satan sont très intéressantes, là encore j'en ai appris de bien bonnes... Quoi qu'il en soit, l'autrice maîtrise parfaitement son sujet et tout ce qui nous est dépeint implante l'ambiance générale : noire, malsaine, malaisante.

Ce qui m'a posé problème, ce sont les personnages. le trio Evie/Pierre/Clara, faisant clairement référence au trio Eve/Adam/Lilith, m'a entièrement déplu. Si l'autrice ne lésine pas sur l'aspect psychologique de son personnage principal (à savoir Evie), elle a en revanche tout fait pour me la rendre antipathique. On perçoit tous ses ressentis, mais elle est faible, n'a aucune personnalité, est consciente d'être manipulée, n'a pas dit non une seule fois. Sa vraie personnalité, ou plutôt sa personnalité tout court, ne se réveille que bien trop tard pour que je m'attache à elle.

Et puis, il y a Pierre et Clara, qui jouent parfaitement leur rôle mais qui évoluent dans un monde de drogues et de sexualité perverse, rendant l'intrigue malfaisante, trop tordue.

Tout est en fait trop toxique : les personnages, leurs relations, le milieu dans lequel ils évoluent. Pourtant, tout est bien dépeint : le courant du romantisme noir, la dépendance aux stupéfiants, les ressentis d'Evie, la toxicité des relations entre les protagonistes. Mais tout ça plombe, à mon sens, toute l'histoire. C'est lourd, long par moments, trop malsain.

Je n'ai rien ressenti durant toute ma lecture, aucune empathie et aucun attachement pour les personnages, aucune émotion, si ce n'est un sentiment de malaise face à toute cette perversité.

La fin ne m'a pas déplu. J'ai également apprécié toutes les infos que j'ai pu apprendre sur le romantisme noir, tout comme j'ai apprécié découvrir de nombreuses oeuvres et en suivre l'analyse et l'interprétation que les personnages en ont fait. Mais ça s'arrête malheureusement là, je me suis peu intéressée à l'histoire en elle-même.

Mélissa Da Costa nous offre ici une nouvelle facette de son travail, en osant sortir de l'étiquette "feelgood" qui lui est affublée, pour s'approcher davantage du roman noir. J'ai d'ailleurs pu lire de jolis retours de lecture de certains amis babelionautes (bien que pas tous). Ce livre aura donc ses adeptes, mais il n'a malheureusement que peu fonctionné sur moi...
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