Azul

Je pense que ce roman aurait pu facilement être un énorme coup de coeur s'il avait été écrit par une femme.
Commençons par ce qui ne va pas, à savoir, le sexisme latent qui est vraiment problématique dans un roman normalement destiné à un jeune public qui n'a souvent pas beaucoup de recul sur ce genre de sujet. Les personnages féminins, spécifiquement les deux love interest du personnage principal n'arrêtent pas d'être violentes l'une envers l'autre et se rabaissent constamment pour remonter dans l'estime du personnage masculin. de plus, l'interprétation personnelle de chaque oeuvre que fait transparaître l'auteur m'a quelques fois fait grimacer. Les femmes dans les peintures sont presque toutes sexualisées et voir le baiser de Klimt être dépeint comme la définition même de la sensualité et de l'amour, ce n'est juste pas possible.

En dehors de cet aspect, c'est un roman à l'histoire d'une originalité folle, qui donne une vision de l'art et de l'artiste très intéressante, bien qu'elle continue à perpétrer l'image d'un homme peintre de génie, génie qui justifierait son comportement envers les autres et notamment les femmes.

Si, en lisant la 4e de couverture, vous faites la même erreur que moi en croyant que ce livre se rapproche du magnifique épisode du film "Rêves" de Kurosawa, passez votre chemin. C'est d'ailleurs ce que j'aurais dû faire, tant je me suis ennuyée à la lecture de ce livre, au moins sur un gros tiers.

Pourtant, l'intrigue annonçait de belles surprises. Miguel a le don de pouvoir entrer dans les tableaux, et même d'accéder au "hors-cadre", c'est-à-dire à ce que ne voient pas les spectateurs. le problème, c'est que Miguel apporte des modifications aux tableaux. Au début, je me suis dit "de quoi il se mêle ?" mais vu le dénouement, pas grave. Dans ses voyages, il rencontre April (aussi parfois prénommée Jeanne... Jane Avril...) et tombe amoureux de cette mystérieuse jeune femme. Mais des événements tragiques l'attendent. Miguel, orphelin, habite dans une pension à Lisbonne et un beau jour, la ville est victime de plusieurs catastrophes naturelles. Mais le sont-elles vraiment, naturelles ?

L'avantage de ce roman, c'est qu'il nous entraîne à voir ou revoir les peintures qui s'y trouvent, à en observer les moindres détails. Mention spéciale à la Joconde ! J'espère d'ailleurs que ce livre permettra aux ados de voir ces oeuvres sous un angle nouveau. A l'art vivant, à la création, à sa magie. C'est aussi un bel hommage à la filiation et à l'héritage.

Mais sinon, j'ai trouvé le récit très long et très ennuyeux à certains endroits (la destruction de Lisbonne par exemple). Et trompeur, car il y a malgré tout des bouffées d'action et d'énergie, suivies malheureusement de longues plages assez fades.

J'avais déjà ressenti ce mélange "j'adore/je déteste" à la lecture de Sortie 32.b. J'espère que ce ne sera pas jamais deux sans trois.

C'est un livre intéressant, surtout le don que possède Miguel de pouvoir rentrer dans les tableaux et y apporter quelques améliorations et qui m'a permis de découvrir des oeuvres que je ne connaissais pas forcément. L'histoire présentée est intéressante et je dois avouer que la fin est très bien amenée. Cependant ce n'est pas un coup de coeur.