AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Eve-Yeshe


Ce roman est assez surprenant, et il m'a parfois laissée un peu perplexe, car l'auteure nous propose d'entrer au coeur de sa famille, de son mode de vie, de ses réflexions, de son intimité.

Abordons tout d'abord le contexte : Fatima se présente sans fard ni complaisance, et nous fait faire la connaissance de sa famille : son père s'appelle Ahmed « digne d'éloges » et sa mère Kamar, la lune. Elle a trois soeurs.

Le père est dominateur, il frappe les enfants, la ceinture est toujours prompte à être détachée. Lorsqu'il rentre du travail, il allume la lumière, en pleine nuit, réveillant tout le monde, faisant du bruit, et si une des filles râle un peu l'insulte fuse : khamja « salope ». la mère préfère se taire et s'occuper de la maison.

Fatima est la seule des enfants à être née en France, par césarienne, précise-t-elle et de manière inattendue; ses soeurs sont nées en Algérie et ses parents sont également les seuls de leurs familles respectives, à être venus.

Je m'appelle Fatima Daas.

Je suis la mazoziya, la petite dernière.

Celle à laquelle on ne s'est pas préparé.

A chaque séjour en Algérie, elle se sent chez elle, avec les oncles, tantes, cousins, l'accueil est chaleureux, la famille est plus démonstrative; elle ne voudrait plus repartir et en même temps, elle pense chaque fois que c'est la dernière fois qu'elle y va.

Fatima est musulmane pratiquante, elle aime faire ses ablutions et ses cinq prières, même si parfois, enfant elle était à moitié réveillée. Elle comprend le sentiment d'appartenance la première fois qu'elle fait le Ramadan.

C'est une rebelle, qui a intégré que ses parents désiraient un fils, s'habillant en garçon, passant ses cheveux au gel pour qu'ils frisent moins. Elle joue le rôle qu'elle suppose qu'ils attendent d'elle et fréquente des garçons turbulents, donne des coups, insulte, même les professeurs, alors qu'elle est bonne élève.

J'ai aimé faire la connaissance de Fatima, qui ne ne pourra jamais dire ce qu'elle ressent car dans sa famille, on n'est pas démonstratif, ; déjà, dire « je t'aime » est mal vu, alors que dire du mot homosexualité, c'est tabou, sale… une honte pour la famille. Elle est amoureuse de Nina qui va rester en toile de fond du récit, car c'est compliqué pour elle d'avancer.

J'ai bien aimé cette manière d'utiliser l'anaphore (ce n'est pas le monopole de François Hollande !) car elle commence chaque chapitre par « je m'appelle Fatima », avec des variantes chaque fois, comme si elle psalmodiait une prière. Cette répétition donne un rythme au texte qui est par ailleurs parsemé de mots en « arabe algérien », comme elle le dit elle-même, de prières en arabe ce qui permet d'apprendre des choses, des mots, de prendre connaissance de phrases sacrées..

Je connaissais mal la pratique de l'Islam, la manière de faire les ablutions, la position du corps pendant la prosternation, la manière de réciter et Fatima Daas l'explique très bien.

Les relations intrafamiliales sont bien mises en évidence ainsi que les règles, les sujets tabous, mais, si je comprends bien les difficultés de Fatima à aimer, à parler de son attirance pour les filles, ses hésitations, sa manière de tourner autour du pot finit par être lassante. Mais, il est difficile de lui en tenir rigueur, tant elle est attachante et on imagine combien ce doit être difficile d'être différente car la seule née en France, car la seule à avoir une sexualité différente, à la recherche d'une identité, à tel point qu'elle se sent sale et indigne de son prénom.

Quant à l'écriture, Fatima Daas sait bien raconter ; elle a structuré son récit en chapitres très courts, passant de l'enfance à l'âge adulte, pour revenir à l'adolescence et partir dans les réflexions plus philosophiques ce qui peut lasser, ses études supérieures qu'elle commence mais ne finit pas toujours.

J'ai pris du plaisir à lire ce roman, et je trouve qu'elle s'en sort très bien à l'écrit, les mots sont justes et le côté « psalmodie » de l'anaphore est très forte, mais j'ai eu du mal à rédiger ma chronique, alors que je l'ai terminé il y a plusieurs jours, me demandant parfois si je l'avais aimé un peu, beaucoup …

Auteure à suivre.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Notabilia Noir sur blanc qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteure.

#LaPetiteDernière #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
Commenter  J’apprécie          650



Ont apprécié cette critique (58)voir plus




{* *}