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Critique de PierrotDace


C'est parce qu'il était édité dans la Collection L'Imaginaire, chez Gallimard, que l'envie m'est venue de lire le Journal d'un génie. Déjà j'aurais du me méfier de ce titre. Mais ma curiosité fut plus grande et je m'engouffrai alors dans une trop longue partie d'ennui.

Michel Déon nous introduit très brièvement dans les écrits de Dali mais tout y est résumé. Ici le peintre n'a aucun doute de son génie, mais c'est le lecteur qu'il cherche à convaincre de cette certitude. Et c'est à peu près la seule portée du récit. Un journal écrit par Dali pour servir Dali.

Malgré la difficulté à apprécier cette lecture, il ne faut pas pour autant mettre de côté d'éventuels intérêts critiques que Salvador Dali pourrait susciter chez nous. Ici une thèse est défendue par l'artiste (et elle n'est malheureusement pas rare). C'est celle de l'artiste doté d'un génie. Cette conception - peut-être bien le stéréotype le plus lourd dans la conception que l'on se fait de l'artiste - est pénible à recevoir chez Dali car elle est autant caricaturale que dépassée. Pire encore, elle atteint son paroxysme ici puisque Dali ne parle pas d'un génie pour chaque artiste mais bien de son propre génie. Il est entièrement convaincu, qu'à défaut d'autres artistes, il est le seul de son temps doté de ce génie, à l'exception peut-être de Picasso mais qui lui semble déjà inférieur.

Dire que l'on est un génie est une chose, mais vient nécessairement le moment de l'argumentation. Et parce que on ne peut défendre le génie que par l'irrationnel, que par l'inné qui dépasserait la seule volonté du peintre, Dali finit par faire rire.
Il dira que c'est parce que ses parents l'ont appelé Salvador, le sauveur, qu'il était prédestiné à préserver un art contemporain figuratif face à la décadence de l'abstraction. A cela succèdent les citations amusantes où chaque artiste (de près ou de loin lié à l'abstraction picturale qu'il méprise) y prend pour son grade: "Piet [Mondrian ici] moins qu'un pet, Piet plus qu'une puce de génie", "le plus mauvais peintre du monde, à tous les points de vue, sans hésitation brumeuse, ni doute possible, s'appelle Turner"...

Les exemples sont nombreux donc pour asseoir son génie et toujours aller plus loin dans la distinction entre Dali et le reste des artistes. Mais on comprend trop vite les limites de cet ouvrage. Non seulement Dali ne nous convainc pas de son génie (du moins en ce qui me concerne) mais il est avant tout un provocateur et un grand mégalomane.

Un ouvrage donc amusant par sa dimension caricaturale mais terriblement ennuyeux quand on comprend qu'il n'ira jamais plus loin que les propres certitudes de Dali. Même les potentiels témoignages d'une époque, propres au genre du journal, se noient dans la mégalomanie. En bref, si vous voulez comprendre le contenu de cet ouvrage et l'apprécier, ne perdez pas votre temps à le lire, il existe suffisamment d'interviews du peintre, et suffisamment courtes, sur Youtube qui exposent l'essentiel des pages.
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