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Critique de Allantvers


Après dix pages, puis après vingt, puis cent, je me suis dit que je n'allais jamais y arriver à le contrer, ce bouquin. Mais j'ai fini par aller au bout, plus facilement à partir du deuxième tiers, car je restais curieuse de toucher du doigt ce qui suscitait un tel engouement dans ces pages, parce qu'un proche, fan absolu, m'attendait au tournant, et puis parce que j'ai beaucoup de sympathie pour Damasio; j'ai du respect pour l'intégrité du bonhomme, que je préfère néanmoins en penseur du pas de côté et pamphlétaire engagé qu'en romancier - ce que cette fameuse horde vient confirmer.

J'en ressors avec une impression mitigée qui mêle du très bon et du franchement pénible.
Pour le bon, une charpente romanesque solide et assez envoûtante qui soutient avec une belle authenticité un discours vivifiant sur l'énergie primale à cultiver au fond de soi, le tout servi par quelques scènes d'anthologie époustouflantes: celles qui font le coeur du roman et dans lesquelles la horde contre le vent en mer, dans le désert ou en montagne. J'ai été bluffée également par la densité de certains personnages, auxquels c'était une gageure de parvenir à donner de l'épaisseur à coup de pinceaux successifs: Sov, Golgoth, Caracole ont du corps et restent en mémoire une fois le livre achevé.

J'ai en revanche peiné sur certaines longueurs et scènes redondantes et d'autres qui m'ont paru inutiles, et souffert le martyre sur chacune (chacune!) des créations langagières, néologismes, style parlé etc qui viennent distinguer chaque protagoniste et sont omniprésentes car l'ensemble du roman est entièrement dialogué; ma tête comprenait bien qu'elles étaient partie intégrante du roman et lui infusaient le nerf et la chair, mais mes yeux probablement conservateurs de lectrice en ont pleuré de douleur, ce qui m'a semble d'autant plus rageant que Damasio sait suffisamment bien écrire pour ne pas avoir besoin de ces artifices. Les goûts et les couleurs, me direz-vous.

Il n'en reste pas moins que la lecture de la Horde imprime un message fort, vigoureusement dérangeant et durablement ancré, et fait vivre une aventure littéraire très originale, ce qui est loin d'être donné à tous les livres.
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