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Critique de Bookycooky


À l'occasion du Salon Livre Paris qui a la Russie en invité d'honneur, moi qui raffole de la littérature contemporaine de ce pays dont Stepnova, Prilepine, Kourkov, Remizov....je découvre qu'il y a encore une multitude d'autres auteurs super intéressants, dont certains même pas encore présents sur Babelio. Vous avez compris pour moi c'est le suicide littéraire assuré ! C'est bien d'avoir la passion mais de là à exagérer....Une amie babeliote fanfanouche 24 a récemment mis sur le site une citation de "L'imprimeur de Venise", " Parmi les différents types qui constituent l'espèce humaine, l'une des plus étranges est celui formé par les êtres qui renoncent à vivre le monde pour le lire...". Cette liste d'écrivains nouvellement découverte, est le coup de massue, il ne me reste plus qu'à intégrer cette étrange confrérie.....Pour en revenir à ce livre, c'est mon premier de cette longue liste.
Dans ce délicieux livre à l'écriture cocasse, l'écrivaine russe Alice Danchokh nous livre ses souvenirs d'enfance dans la Russie communiste des années 60; un récit à forte connotation culinaire, comme l'indique le titre. Une enfance heureuse, malgré des parents séparés chacun d'eux s'occupant d'agencer sa vie personnelle, et étrangement absents dans le livre. L'hiver, sa mère vivant avec son propre père, elle passe la plupart de son temps avec la belle-mère de sa mère, qu'elle appelle grand-mère Anna Vassilievna, à Moscou, et le reste du temps et les étés en Crimée, avec ses grand-parents paternels, dont grand-mère Stella. Les deux grand-mères sont des débrouillardes et cuisinières hors paire.
Bien que l'hiver étant confit à 16 m2 dans un appartement communautaire de Moscou, ("Chez nous, même sans marmite, chacun savait tout sur tout le monde, et l'on fermait soigneusement les portes des pièces, afin de protéger un peu sa vie privée. Mais il était impossible de cacher qui mangeait quoi."), les denrées alimentaires limitées, ( "Le suprême délice était, pour la famille, un saucisson de fressure bon marché, que j'aimais aussi, surtout avec des oeufs brouillés"), Anna concocte des merveilles, (" Des années durant, l'expression « bas morceaux » demeura pour moi un mystère, puis elle disparut des magasins, en même temps que la mamelle, le coeur, les rognons, les tripes et la cervelle. Ne resta que le foie. Anna Vassilievna cuisinait tout cela avec autant de talent, la mamelle et la cervelle ne faisant pas exception"), et la petite Alice est une grande gourmande.......
Une belle leçon de vie, comme quoi la clé du bonheur, de la joie de vivre est plus en nous et dans notre attitude envers la vie que dans les circonstances et les moyens avec lesquels nous vivons. Un livre plein d'humour, de poésie et de nostalgie, truffés d'anecdotes croustillantes et dangereux pour les gros appétits. Un livre qui donne aussi une envie folle de voir la Crimée, terre de nombreux poètes et écrivains russes, bien qu'à mon avis celle décrite par l'écrivaine est un monde qui n'existe plus......comme aurait dit feu Tiziano Terzani.


Édouard Kolmanovski : « Je t'aime, la vie, dans toutes tes manifestations alimentaires. »
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