Elsbeth passa sa journée à faire et à refaire ses arrangements méticuleux et inutiles de sa maison et de sa personne, au moyen desquels la femme s'est toujours plu, depuis que le monde est monde, à honorer l'homme, et que lui, l'être incompréhensible, s'abstient immanquablement de remarquer.
Vous me rappelez un homme que j'ai vu à Compton. Vous vous seriez bien entendus ensemble. Il était fier de sa tolérance aussi. Il était si tolérant qu'il y a cinq cents ans il aurait brûlé tout homme qui n'aurait pas été aussi tolérant que lui.
Or, la timidité, comme toute sensation pénible, est incompréhensible pour ceux qui ne l'ont pas éprouvée, elle est immédiatement oubliée par ceux qui s'en sont débarrassés, mais être à sa merci, c'est subir une souffrance paralysante et stupéfiante, la torture spirituelle de la poire d'angoisse.
Elle n'encourageait pas les anciennes amies à rentrer dans son existence. Elle ne les oubliait jamais. Elle jetait avec regret un regard sur les ardeurs de la lointaine intimité, en décrivait les douceurs à l'amie du moment avec un enthousiasme déconcertant ; mais elle ne désirait jamais voir reparaître celles dont la route s'était écartée de la sienne. Souvenirs agréables, si vous voulez ; mais, en chair et en os, les anciennes amies étaient ennuyeuses.
Ni l'une ni l'autre ne comprenait que le père Noël est le dieu des tout petits et qu'il ne s'attarde pas dans une maison où il n'y en a pas.
Clare Hartill avait une existence assez solitaire. C'était une femme aux amitiés fiévreuses et aux ruptures soudaines. Toujours la plus intelligente et la plus inquiète de son cercle, elle découvrait en général que les objets de son affection ne pouvaient satisfaire son attente ni sur le plan de l'intelligence ni sur celui des sentiments. La désillusion était alors rapide et décisive. Clare ne pardonnait rien à qui l'ennuyait.
Mais à seize ans, on est à la fois trop vieux pour être encore un enfant et trop jeune pour ne plus en être un.
(...) elle aimait les beaux mots comme un enfant aime le chocolat - avec une sorte de ferveur austère et avide.
(...) Alwynne à été élevée à écouter les femmes. Elle ne peut pas encore comprendre les hommes. On lui a dit que c'étaient de grands enfants et que son rôle était de se montrer supérieure, mais avec tact.
Ses paroles étaient toujours à double sens, sa pensée agrémentée de réticences et de sous-entendus; elle ne pouvait littéralement pas croire que des mots puissent avoir leur sens tout simple comme dans le dictionnaire. (...) elle cherchait à découvrir des subtilités là où il n'y en avait pas et à gaspiller insinuations, suggestions et sous-entendus avec des esprits qui forçaient à travers d'aussi bon coeur qu'un boeuf passe à travers la toile d'araignée tendue d'un poteau à l'autre de la prairie où il a envie d'entrer.