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Citations sur Le salaire du zappeur (11)

Lorsque, dans l'étrangeté du samedi après-midi, le zappeur tombe sur un gros plan de murène ou sur un plongeur téméraire en train de voler à sa mère un bébé requin (lequel se débat), il sent que, sur ces images-là, il va poser le regard (et reposer, pour un temps, la télécommande). Et il n'est pas certain qu'il faille avoir la fibre animalière et aimer, comme Bardot, les bêtes, pour tomber sous le charme de ces images qui ne veulent rien. Images sans look, images cool, images à prendre ou à laisser. C'est parce qu'elles ne veulent rien que nous pouvons les vouloir. C'est parce que leurs acteurs sont muets qu'il nous vient le désir de parler d'eux (et non pas pour eux). Combien de crabes perplexes, de bancs de maquereaux étonnés, de petits poissons colorés et de grandes raies enterrées vivantes dans le sable ne nous ont pas fait "signe" un jour? Signe de vie et preuve que la vie va.

LA TÉLÉVISION AU FOND DU BOCAL (5 octobre 1987)
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"ça nous intéresse, Monsieur le président", disait Mourousi (debout) à Mitterand (assis), lequel (toujours assis) a vu récemment défiler (chez Ockrent) deux ou trois "phénomènes de société" plutôt rudes. Mais tout cela - démocratisation des rôle oblige - est normal puisqu'au même moment, on demande aux "stars" du showbiz de se prononcer sur la vie politique. Que, dans les deux cas, les réponses n'aient pas grand intérêt est secondaire puisque ce qu'on teste, ce n'est pas la réponse (avoir quelque chose à dire) mais la capacité à ne pas faire de lapsus trop voyants. Il en va pour le téléspectateur comme il en va pour le cinéphile : il va moins voir un film (expérience qui prend du temps) que vérifier qu'il correspond bien à son image. C'est ainsi que se constitue un public amateur de symptômes plus que de "messages", de plus en plus sophistiqué et de moins en moins exigeant.
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De tout temps, il a existé un étrange plaisir à dire que la télé était nulle. Une façon de sous-entendre que d'une télé meilleure nous ne saurions pas trop quoi faire. Qu'il n'y a pas de raison pour que, médium du quotidien, elle l'emporte en intérêt sur le quotidien de nos vies. Que la télé, c'est toujours mieux ailleurs (en Angleterre, par exemple) et que, de toute façon, on n'ira pas y voir de plus près. La télé est mauvaise comme la météo peut être mauvaise, c'est-à-dire naturellement, comme un environnement météorologique de plus.
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le présentateur zappe à sa façon, donnant et retirant la parole, exactement comme on pianote sur une télécommande. Sage comme des images, les invités (venus vendre leur image, même en solde) ne protestent pas, sourient à tout hasard et font masse faute de mieux.
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L'élégance a donc disparu à mesure que, du tennis, l'oeil du téléspectateur attendait antre chose que de l'élégance. C'est ainsi que l'infernal Connors et l'aberrant MacEnroe furent aimés en raison même de leurs mauvaises manières, parce qu'elles étaient finalement plus intéressantes que la classe guindée des derniers stylistes (de Clerc à Gomez). Tout cela, au demeurant très humain, creusait la scénographie du tennis d'une dimension supplémentaire, celle du gros plan après l'échange, du replay désarticulé, de la trivialité stroboscopique du ralenti, du micro à hauteur de court. c'est ainsi que le nombre d'évènements à la seconde s'est gonflé de tous les affects, tics, pulsions et rages muettes dont un corps est capable.
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Nous sommes bien au pays où informer n'est pas un plaisir mais un devoir.
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les voix off des journalistes retrouvent cette façon de faire sentir que tout cela est grave mais doit être dit.
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L'affaire Mediamétrie (le soupçon sur les indices d'écoute est une des choses les plus gaies qu'on puisse imaginer) et ce qu'on sait sur les techniques à venir du contrôle du téléspectateur vont toutes dans le même sens : l'écran du téléviseur n'est plus une frontière qui - comme tout écran - sépare et réunit des êtres anonymes mais un miroir dans lequel, idéalement, l'émetteur et le récepteur se comptent et se voient. Effet du "village global" dont parlait MacLuhan : on fait une émission pour voir ceux grâce à qui elle marche. Pour les voir et pour les compter. On ne va plus voir quelque chose, on y va "pour voir".
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On ne privatise pas la consommation des images sans reconnaître au consommateur le droit au caprice et l'irresponsabilité.
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Une bande-annonce aurait suffit, le film était inutile.
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