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Critique de LaBiblidOnee


CHEF D'OEUVRE !


Alors les amis, j'en ai lu des OLNI dans ma vie. Je les cultive, même. Mais des comme ça, jamais !


Débordant d'inspiration créatrice qu'on ne pensait peut-être pas possible en littérature, DANIELEWSKI prouve qu'on peut toujours créer de nouvelles DIMENSIONS littéraires. Un roman bâti comme une ILLUSION. Une prouesse.


### NOTE DE L'ÉDITEUR DE CETTE CRITIQUE : L'auteure supposée de la présente critique ayant été retrouvée morte la tête sur son clavier, un pot de verni violet renversé à côté d'elle et des griffures sur le parquet autour, nous avons récupéré ce fichier word sur lequel elle travaillait. Nous l'avons enrichi des notes et commentaires figurant sur des post-it que nous avons trouvé à côté, frénétiquement remplis d'une écriture qui, pourtant, ne semblait pas être la sienne. Ces apports et renvois seront signalé d'une [*].
Attention, certaines de ces notes n'étaient plus intégralement lisibles, comme si des griffes avaient lacéré le papier à certains endroits. Elles seront reproduites en l'état et signalée par des KKK.
Enfin, nous avons conservé la typographie et ce qui semblait être des coquilles, n'ayant pu demander à l'auteure si c'en était réellement… #


Le pitch commence comme un roman fantastique standard : Un photoreporter renommé, Navidson, sa femme Karen et ses deux enfants (Chad et DAISY) emménagent dans une MAISON… capricieuse. Un jour, une nouvelle PIECE apparaît qui crée la stupeur. Bientôt, un MUR se décale, une PORTE apparaît qui donne sur un COULOIR et, horreur suprême, celui-ci change de volume à mesure qu'on ME PÉNÈTRE… Pire encore, des GÉMISSEMENTS semblent provenir des PROFONDEURS de cette MAISON qui devient, très vite, LABYRINTHIQUE pour qui franchit certains SEUILS. [*]


[* le SURMOI veille au maintien des refoulements des pulsions dans le ça. KK est issu des apprentissages durant l'ENFANCE, période de dépendance de l'humain avant son autonomie. KK se forme avec l'intériorisation des interdits, et notamment le principal qui structure la vie humaine : l'interdit dKKKKKKKKK.]


Passé la surprise, et tous les efforts pour rationaliser la chose, Navidson l'aventurier organise une exploration avec des professionnels (alpinistes notamment), tandis que, derrière le sourire de FACADE qu'elle a façonné devant son MIROIR de poche lorsqu'elle était plus jeune, Karen SOMBRE dans la peur panique de découvrir ce que CACHE cette maison, et tente désespérément de convaincre le personnage de Navi de regarder ailleurs. Leur expédition est filmée et sera diffusée et visionnée dans un premier temps dans un cercle restreint, puis copieusement commentée, décryptée, tout le monde tentant de discerner le vrai du faux, de comprendre ce phénomène scientifique ou paranormal. La MAISON vient-elle d'une FAILLE spacio-temporelle ? Grandit-elle en fonction des peurs de ceux qui y pénètrent ? Est-ce un trucage ? Est-on dans un roman d'horreur, ou fantastique ou psychologique ? Ou bien plus encore ?? Toutes les théories sont envisageables en littérature, c'est cela qui est formidable et maintiendra votre curiosité.


Mais évidemment, « c'est là que les emmerdes ont commencé ».


Tout d'abord, en tant que lecteur futur HABITANT de cette maison DE feuilles, je vous conseille de la visiter sommairement avant de l'entamer. Familiarisez-vous avec sa STRUCTURE, ses différentes ENTRÉES, ses PIÈCES et ses ANNEXES au bout du couloir, heu en fin d'ouvrage. Car nombre de renvois vont sans arrêt tenter de vous faire PERDRE le FILs de votre lecture, afin de vous faire comprendre la désorientation des personnages. C'est la première magie de ce livre : l'expérience immersive. [*]


[* in : https://www.babelio.com/auteur/Mark-Z-Danielewski/9257/citations/2794066 ]


Ensuite, pour vous perdre ou vous aider un peu plus, et vous faire ressentir ce que c'est que d'explorer quelque chose d'EXPONENTIEL, ce livre comporte différents niveaux de lecture :


« Ceux qui explorent le labyrinthe, et dont le champ de vision est restreint et fragmenté, sont désorientés, tandis que ceux qui contemplent le labyrinthe, que ce soit en le surplombant ou l'étudiant sur plan, sont émerveillés par sa complexité. »


1/ Premièrement la description, dans un style très journalistique, de ce que montrent les vidéo des explorations. C'est grosso modo ce que vous ressentez en regardant le célèbre Projet Blair Witch.


2/ Puis les notes et commentaires qu'a pris Zampano, un vieillard aveugle (un aveugle qui mate un film et l'annote, sérieux ?), sur ce film. Il nous apporte de solides références culturelles et des RÉFEXIONS (!) sur le contenu du film, le message qu'il véhicule et, surtout, la vie de ses personnages. Mais ce vieillard est mort, ce qui nous amène au troisième niveau de lecture.


3/ Les notes et commentaires d'un jeune homme oscillant en permanence entre DÉLIRE psychotique et delirium tremens, ayant découvert les notes du vieil aveugle décédé, qu'il commente à son tour ! Son style est particulièrement PERCHÉ. Ses récits relèvent du vomi de pensée les lendemains de fête. Mais il nous met la puce à l'oreille, ce dénommé JOHNNY ERRAND, parce qu'on se demande en quoi son récit sert l'histoire. Pourquoi on nous raconte sa vie de fêtard, quel rapport avec une maison qui semble paranormale ? Nous ne pouvons décrocher nos yeux de sa loghorrée fascinante. Car ses incompréhensibles péripéties, d'apparence sans queue ni tête, finissent par laisser entrevoir une histoire dans l'histoire… Il est principalement cité en notes de bas de pages, mais celles-ci s'immiscent dans l'histoire principale et entre les gloses de Zampano, elles enflent jusqu'à prendre toute une partie des pages normales ; Son récit, c'est sûr, se mêle à l'histoire principale autant qu'elle nous en détourne. [*]


[* le ÇA KKKKKKKKK réservoir libidinal, le siège des pulsions (dans lesquelles vont puiser le surmoi et le moi). Une partie du ça est HÉRÉDITAIRE, innée, une autre partie est acquise, issue des REFOULEMENTS KKKKKKKKKK ]


Après je voulais vous raconter un truc mais, malheureusement, je me suis réveillée dans la voiture. le pare-brise était pété, comme moi, Chou avait disparu, sa ceinture était coupée, maculée de sang. Comme moi. Comme le monde ne cessait de tourner à tout vitesse avec le temps, j'ai cligné des yeux mais cette boule en moi ne disparaissait pas. Pour la faire disparaître, j'ai tendu le bras vers la boîte à gant où je planque toujours une fiole de Jack Daniel's, mais je ne trouvais qu'un couteau à cran d'arrêt ensanglanté et mes allumettes de chez DAYSINN et ce putain de MIROIR de poche, dans lequel je m'entraine chaque jour à faire croire que TOUT VA BIEN !!!!! Et là j'ai commencé à voir rouge, REDWOOD, des images de mon père se superposaient à tout ce merdier et tout les chats et chiens de mon enfance me léchaient les joues et la bouche, et cette odeur dégueulasse qui me retournait l'estomac, qui vient toujours de moi, sur moi, partout autour, alors j'ai pris une pilule jaune fluo qui m'a aidé à y voir clair, choppé mon Pelikan favori et pris des notes je ne sais plus où pour me rappeler ce que je voulais vous dire. Sauf que là tout de suite je m'en rappelle plus. ECG plat. BIIIIIIIIIIIP. [*]


[*] Les personnes atteintes de trouble de personnalités multiples ont plusieurs identités et des trous de mémoire sur les événements de tous les jours, les informations personnelles importantes et les événements traumatiques ou stressants, ainsi que beaucoup d'autres symptômes, y compris la dépression et l'anxiété. mrkrnje KKKKKK


4/ En plus de tout ça, vous trouverez comme annoncé, en fin d'ouvrage, en ANNEXES de cette MAISON-livre, un tas de PIÈCES comme un TRÉSOR, sensées avoir été découvertes par Zampano ou encore ajoutées par J.E.


Par un JEU incessant de renvois, ces PIÈCES font le lien entre les différents récits. Elles sont les pièces manquantes du PUZZLE pour lier les bouts que nous avons déjà assemblés. On y trouve : les LETTRES d'une mère internée dont la vie présente des similitudes avec un autre personnage des récits [*], ainsi que des possibles liens avec JE et de JE avec l'auteur lui-même ; des poèmes d'un mystérieux Pelikan, des textes à décoder, des photos, des images à regarder attentivement et d'autres moins, etc…


[* KKK MOI est l'agent de liaison entre les différents instances et le pôle de la réalité. Il se construit par adaptation au réel, et en instaurant des moyens de DÉFENSE pour éviter les sources de déplaisir issu du contact entre l'énergie pulsionnelle et la RÉALITÉ extérieure. ]


« Nous inventons tous des histoires pour nous protéger. » Eh ben laissez-moi vous dire que là, on tient une carapace en titane !


Ce qui nous amène à un point crucial de cette lecture : Comment faire la différence entre les informations importantes et les autres ? Rien de mieux qu'un mode d'emploi extrait du livre pour y répondre : Il s'applique à l'exploration du labyrinthe, mais comme on explore un labyrinthe de pensées, elle DEMEURE pertinente [*]. Sinon mon meilleur conseil : lisez comme vous voulez et ECLATEZ-VOUS !


[* in : https://www.babelio.com/auteur/Mark-Z-Danielewski/9257/citations/2791171 ]


L'ensemble est foisonnant et LES PERSONNALITÉS MULTIPLES. Les explications de Zampano sur le film semblent pouvoir aussi expliquer des bouts de la vie d'autres personnages comme Johnny où la mère internée. D'autres passages, notes, pièces semblent abscons… Mais plus on avance, plus des portes s'ouvrent entre les informations et un (ou des ?) schéma se profile… le point commun à tous les perso est-il la maison qui les a affectés ? Ou ce qui les lie est ailleurs, plus profond ? Dès lors, vous voudrez RÉSOUDRE L'ÉNIGME de la maison-labyrinthe, car l'auteur vous fera douter et vous questionner jusqu'à la fin : Roman PROTÉIFORME et MOUVANT, il s'adapte au DÉDALE de vos déductions pour devenir aussi énorme que la somme de vos suppositions, errances, voltes-faces et enjambées. En fil d'Ariane, mes post-it sur lesquels revenir en cas de doute sur le chemin à prendre. Car ce roman lui-même est CONSTRUIT comme un labyrinthe.


(Note à moi-même : Penser à retrouver un dénommé Chou…) (TROUVER COMMENT MASQUER CETTE ODEUUUUUR !!! ) (Et penser à CODER cette critique sinon ils vont ù$krn€$KRN$$@krn)


Pour que vous viviez l'expérience de sauter d'une pièce à l'autre, en ayant l'impression Que l'histoire que vous venez de lire est bien plUs grande que le nombre de pages que vous avez lu, l'auteur joue des pièces et annexes qu'il vous fait vIsiter au gré de ses notes de bas de page ; et pour vous faire emprunter un couloir puis revenir sur vos pas, vous perdre dans les méandres du labyrinthe comme ses personnages, pour lE vivre avec eux, il vouS renvoie à une note dans la marge qui se poursuiT page suivante, puis sur une dizaine de pages, achevant sur un autre renvoi à une note… que vous trouverez sur la colonne de droite de la page d'à côté, écrite à l'envers, si bien qu'une fois que vous avez tourné le livre pour la lire dans le bon sens, autant dire faire un demi tour pour revenir sur vos pas, vous poursuivez de pages en pages Jusqu'à revenir au paragraphe de l'histoire que vous aviez quitté avant la première note de bas de pagE.


???
(ceux qui se demandent pourquoi j'ai mis 3 ??? ont loupé quelque chose : revenez sur vos pas !!!)


Aussi, visuellement, la double page de la maison représente bien le plan du labyrinthe qu'il décrit : un couloir au milieu, des entrées à gauche et à droite qui donnent sur des passages plus ou moins secrets d'une efficacité douteuse, qui vous ramènent souvent à votre point de départ s'il ne parviennent pas à vous égarer entre temps ! Et parfois même des trouées spacio-temporelles au milieu, qui semblent vous faire avancer plus vite mais vous obligent toujours à reculer pour mieux sauter dans la suivante. Si, à un moment donné, par exemple autour des pages 140-150 de mémoire, vous vous retrouvez paumés, à ne plus savoir où vous en êtes à force de jongler entre les multiples entrées de cette lecture, vous repenserez à ce que j'essaye de vous expliquer. A ce moment-là, vous serez probablement exactement où l'auteur voulait vous amener [*].


[* in : https://www.babelio.com/auteur/Mark-Z-Danielewski/9257/citations/2794066 ]


Mais le génie de l'auteur n'est pas seulement d'accorder la forme au fond, ni d'être un puits de références, ni de savoir si bien changer de style en fonction des personnages. Son génie est d'arriver à jouer avec nous, en plaçant toutes les informations au bon endroit. Pire, il est lisible dans n'importe quel sens (mais je vous conseille de lire le livre en suivant ses indications, même s'il peut se lire aussi différemment, cf la critique de Chou_dOnee^^ [*]).


[* in : lien en fin de critique. ]


[Bon SANG mais QUI est Chou ??????????]


Au total, l'auteur s'inspire de beaucoup de choses, dont notamment :
. le LIEN HYPERTEXTE, ou le syndrome du Quai 9 trois quart : par le jeu des renvois après un mot, on tombe toujours sur une masse d'informations à digérer ; Cette impression est amplifiée par le fait que le mot maison soit toujours écrit en bleu, comme une surbrillance sur laquelle cliquer et derrière laquelle se cache un univers entier comme un monde parallèle ;
. le cinéma en général, et j'y ai retrouvé certains de mes films cultes et notamment, en masqué pour ne pas spoiler : qui m'ont tout de suite orientée vers une théorie - mais je soupçonne l'auteur d'avoir monté une histoire qui, comme la maison, s'adapte à toutes vos autres références (ainsi, comme le test de Rorschach, votre interprétation pourrait bien en dire plus sur vous que sur ce livre...), voire peut-être n'est pas vraiment faite pour qu'on résolve l'énigme :


« Le monde des adultes, toutefois, produit des devinettes d'une variété différente. Elles n'ont pas de réponses et sont souvent qualifiées d'énigmes ou de paradoxes. Mais la trace d'une formulation propre à la devinette corrompt ces questions et fait résonner l'écho de la leçon la plus fondamentale : il doit y avoir une réponse. de là naît le tourment. »


Navidson nous dit bien pourtant que la maison n'est que ce qu'elle est. Mais peut-on lui faire confiance quand tous les personnages nous suggèrent l'inverse (et que l'un des personnages de son histoire s'appelle DELIAL = DÉMENTI !!) ? Nos narrateurs sont aussi peu fiables les uns que les autres, alors lecteur de fantastique ou de thriller pscychologique : il y en pour tous les cerveaux ! Mais c'est tellement bien fait, et je me suis tellement amusée, que pour une fois, moi qui n'aime pas les fins ouvertes, je me disais que ce ne serait pas si grave si, à la fin, l'auteur préférait laisser le lecteur se convaincre d'une explication qui lui convient :


« Ce qu'on voit dépend de l'endroit où l'on se trouve, ce qui fait que, dans le même temps, les labyrinthes sont simples (il n'existe qu'une seule structure physique) et doubles : ils incorporent simultanément l'ordre et le désordre, la clarté la confusion, l'unité et la multiplicité, l'art et le chaos. Ils peuvent être perçus comme un chemin (un passage linéaire mais détourné vers un but) ou comme un motif (un dessin absolument symétrique)... Notre perception des labyrinthes est ainsi intrinsèquement instable : changez de perspective et le labyrinthe semblera changer. »


. c'est aussi un entre le livre dont vous êtes le héros, l'escape game, le rubik's cube et le super cluedo, mais les lecteurs qui n'aiment pas jouer en lisant s'y retrouveront en lisant simplement ;
. et puis des références culturelles et artistiques à gogo que je vous laisse traquer (regardez bien les images dans le livre !!!).


Loin de copier ce dont il s'inspire, DANIELEWKI transcende tout ça, créant une oeuvre à part-entière, unique et au-dessus de tout ce que j'ai lu jusqu'à présent. Ce bouquin a eSsuyé 32 refus avant d'être édité ; Mais c'est peut-être ce qui lui a donné son délicieux côté mille-feuilles ébouriffé aujourd'hui (ah non pardon, ça, c'est les post-it que j'ai collé un peu partout autour en le lisant…), et a contribué à la richesse de sa composition. D'abOrd publié sur internet, il a fait l'objet de plusieurs éditions depuis qui l'ont étoffé. Qui sait, à la prochaine édition on aura peut-être le double de pageS à explorer de nouveau, et on pourra réemployer notre lecture et notre interprétation !


Coup de coeur absolu pour ce roman - et c'est rare.


## L'éditeur tient à préciser qu'à part l'auteure de la critique, aucun animal n'a été maltraité durant les scènes décrites : les chiens et chats n'ont pas été battus ni égorgés, et Chou, le mari, n'a pas été trucidé à coups de couteau de pique-nique : Vous pouvez le retrouver sur la page de sa critique en suivant le lien ci dessous : il l'a écrite de l'ASILE où il est… INTERNE ! ##
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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