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Critique de Yaena


Yaena
28 septembre 2022
La Maison des feuilles est un récit très particulier tant sur le fond que sur la forme. Tout part du Navidson Record un film tourné comme un documentaire qui montre la maison de Karen et Will Navidson. Jusque-là rien d'exceptionnel me direz-vous. Sauf que ces films tendent à prouver que cette fameuse maison est plus grande à l'intérieur qu'à l'extérieur. Mais en plus cette maison semble faire « pousser » d'étranges couloirs tels des excroissances. Ça tombe bien Will est un photoreporter chevronné et cette exploration de la Maison semble des plus prometteuses. Autant inviter quelques potes et voir ce que ça donne.

Mais tout n'est pas si simple car, s'ajoute à cela sous forme de notes, annexes, références et autre paperasses en tous gens et en tous sens, les commentaires de Zampanó qui a entrepris d'analyser les films de Will. Etrange pour un aveugle. Là déjà on est dans le puzzle niveau expert. Mais loin de s'arrêter là, l'auteur a la bonne idée de faire hériter Johnny Errant de tous les écrits de Zampanó. Et on est reparti pour une couche d'annexes sous forme de lettres, notes de bas de pages taille XXL, et références tantôt véridique tantôt farfelues. On a dépassé le niveau puzzle on est passé en mode labyrinthe niveau Dédale et je crois bien que je n'ai pas trouvé Ariane. Jamais là quand on a besoin d'elle ! Des codes, des renvois, des passages entiers barrés, des sous-entendus, des mystères, des bribes, des choses en surplus autant d'infos qui en amuseront certains et qui en saouleront d'autres. Trois histoires donc qui s'imbriquent, s'enlacent et fusionnent au point d'être indissociables. Ok je prends, je suis donc passée en mode Sherlock Holmes pleine d'enthousiasme et à l'affut du moindre détail.

Toujours sur la forme le récit de Will Navidson est raconté en mode caméra embarquée, du genre paranormal activity ou le projet Blair Witch mais dans l'esprit Inception voir Matrix. Mais oui je vous l'ai dit c'est labyrinthique. le fait est que je n'ai pas du tout adhéré à ce côté faux documentaire, ce qui a un peu douché mon enthousiasme.

Mais j'ai continué à jouer le jeu allant aux renvois, suivant tout dans l'ordre, essayant de faire des rapprochements, décodant la lettre codée, tournant le livre dans tous les sens et j'ai trouvé ça plutôt amusant dans l'ensemble mais certains passages m'ont vraiment parus soporifiques et je me serais bien passé des histoires de fesses de Johnny (pan pan… ? non mais sérieusement !) mais il se peut que certains apprécient.

Peut être est-ce dû à tous ces enchevêtrements et ces complications mais côté personnages je ne suis pas non plus convaincue. L'empathie est restée au vestiaire même si je reconnais que les personnages sont finement travaillés d'un point de vue psychologique. J'aurais aimé qu'on s'attarde plus sur les enfants, un passage concernant leurs dessins est très intéressant mais voilà ce ne fut qu'un passage. Et puis non seulement personne ne s'est attardé sur les enfants mais en plus personne ne s'est occupé d'eux non plus. A quoi bon avoir créé ces 2 protagonistes pour les laisser dans un coin et ne rien en faire ?

Côté ressenti ce n'est pas folichon non plus pas de peur, d'angoisse, ou d'enthousiasme.

Par contre, l'exploitation du thème de la folie sous des formes variées est complexe et appréciable de même que la réflexion sur la frontière entre le réel et l'imaginaire un peu à la Shutter Island est interessante. Mais voilà des bouts, des morceaux, des extraits, et beaucoup de frustration.

L'écriture est irréprochable avec de belles envolées lyriques où on sent le potentiel et l'imaginaire riche qui anime l'auteur. Mais la forme repousse tout cet imaginaire et vous ramène illico dans un monde de caméras, de mesures,... bref ce n'est pas très drôle et parfois ça tourne à l'indigeste.
Ce livre je l'aurais abandonné si Sandrine (HundredDreams) Bernard (berni) Nicola, (NicolaK), Paul (El_Camaleon_Barbudo) et Jean-Michel (Michemuche) ne m'avaient pas accompagnés dans les couloirs sombres et froids de cette maison. Même s'ils ont piqué tout le chocolat !

Je me suis accrochée à eux et à leur humour, espérant que ce livre valait la peine que je fasse un effort. Malheureusement j'ai tourné la dernière page et la désagréable impression d'une promesse non tenue m'a envahie. L'impression d'être face à quelque chose d'inutilement compliqué et de laborieux. Ce livre est contraignant et exigeant, il demande beaucoup mais donne peu.

Je n'ai pas réussi à percer la carapace de ce livre, pas réussi à rentrer au coeur, il m'est apparu comme superficiel et sans âme ce qui ne veut pas dire qu'il l'est. Je suis peut être passé à côté du message de l'auteur ou alors il n'y en avait tout simplement pas. A vous de vous faire une idée, vous trouverez peut être ce qui n'a cessé de m'échapper ou peut-être pas.

Mais attention, vous êtes prévenus, vous entrez dans la quatrième dimension…
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