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Critique de Wyoming


Un livre absolument inouï qui ne peut que séduire tous les passionnés d'art, particulièrement de peinture, ceux qui aiment les oeuvres de Picasso, ceux qui savent contempler la femme, la désirer sans la posséder, la prendre lorsqu'elle s'offre, par les yeux, les mains, la bouche, ceux qui ne sont pas écrasés par une religion d'interdits, ceux qui aiment la culture arabe, les saveurs de l'Orient et même Robinson Crusoe.

Dans sa nuit au musée Picasso de Paris, Kamel Daoud s'intéresse de manière quasi-exclusive à Marie-Thérèse que plus de trente années séparaient du peintre et donc particulièrement aux toiles qu'il a réalisées de son corps durant l'année 1932. Kamel Daoud analyse magnifiquement la charge érotique de ces peintures, cette dévoration de la femme par le peintre qui finit par s'enfermer dans ce corps qu'il pénétre pour atteindre une plénitude en son sein.

Kamel Daoud profite de cette nuit devant ces toiles pour analyser le rapport de l'Orient à l'Occident, la différence de condition des femmes et livre toutes les frustrations qu'elles subissent dans son pays, que ce soit dans leur corps ou dans ses représentations, telle la statue de Sétif détruite par un barbu.

Il assimile quasiment la relation artistique ou amoureuse à un cannibalisme de la nudité et en vient à Vendredi que Robinson tenait absolument à vêtir de pied en cap, ne pouvant supporter sa nudité. Il cite même des extraits du livre du Defoe pour appuyer son propos et lui donner tout son sens.

Il aime l'art dont il est privé en Algérie, l'érotisme magnifié à chaque page, la femme glorifiée, oubliées les menstrues symboles d'impureté (quel mot!), allant même jusqu'à lui donner l'accès à la fonction d'imam.

Un très beau passage sur la calligraphie et sa vision érotique qui ne peut être détruite par les islamistes. Un autre sur la sieste est tout autant chargé de symbolique orgasmique et de repos des deux guerriers des corps.

Sa réflexion est magnifique, lucide, poétique, c'est un hommage à l'oeuvre d'un géant de la peinture, à la femme dans sa plénitude, à la beauté de la vie et de l'amour, par cette dévoration inéluctable qu'il sanctifie.
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