L'art est le dos du monde : il en porte le poids et y laisse les époques dessiner des signes et des récits en tatouages.
La croix est ici la scène d'une autre dévoration, elle désarticule, efface les décors ancien et coutumiers, ramène à l'essentiel et peint le corps dans son volume, sa présence dans la chair du spectateur.
L'art n'est pas une idée mais la résistance à l'idée.
C'est ce qui frappe dans mon pays : la mort du désir du monde. Une sorte de rancune à l'égard du rire et de l'art, un soupçon qui devient des lois et des inquisitions.
Le nu ne suffit pas s'il n'imite pas l'offrande. Traversé de mouvements, il s'éloigne, se dérobe, se perd à la vue du désir.
Car ce que l'on veut appréhender ce n'est pas le corps de l'extérieur, mais partager l'obscurité tiède du dedans. Je ferme les yeux et, du coup, je vis ton corps à toi à partir de ton propre obscurcissement, je me noue à ta veine. Je partage ton point aveugle qui te leste. Je me confonds et je ne peux le faire, dans ma condition de séparé, que par cette nuit fabriquée par mes paupières closes.
La plage est le miroir du corps. Le lieu où il se restitue à lui-même, parade dans sa mortalité. Picasso la peint comme un résumé du monde, entourant le corps, continuation du nu.
Dans les prisons de femmes, en Algérie, les courgettes, les bananes, les fruits phalliques sont parfois interdits dans les paniers des visiteurs.
Depuis les années 90 en Algérie, les statues de femmes nues ont peu à peu disparu. Volées, démantelées, détruites, vandalisées, vendues ou discrètement ôtées de nuit des places publiques.
Collectionner c’est sauver, préserver. Tout musée, dans ce cas, fait face à une barbarie présupposée, implicite. Si on collectionne, c’est parce que le reste du monde détruit.