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Critique de ClaireG


C'EST LA FAUTE A MEURSAULT.
C'est lui qui a tiré cinq balles dans le corps de l'Arabe. C'est lui le Premier Homme. On sait beaucoup de choses sur le roumi, sur l'Etranger, sur ce Meursault qui a tué un Arabe mais que les autorités condamnent parce qu'il n'a éprouvé aucun chagrin lors de l'enterrement de sa mère. Quelle ironie ! Quelle absurdité !

Qui c'est cet Arabe ? A part son bleu de chauffe et ses espadrilles, que sait-on de lui ? Rien.

Le frère du défunt a décidé de lui donner un nom et de lui fabriquer une existence, de lui façonner une fausse biographie en quelque sorte. C'est ainsi qu'Haroun commence à raconter l'histoire de son frère Moussa à un étudiant en mal de thèse ; ça s'est passé au cours de l'Eté 42, sur une plage d'Alger, à 14h. Il faisait chaud, Meursault se promenait avec des amis quand, tout à coup, il a abattu un Arable qui venait dans sa direction.

Haroun est vieux à présent. Il est l'Homme révolté, le frustré qui sa vie durant a été le frère du mort du livre. En 1962, en août, la nuit, Haroun tue un rôdeur, un Français qui s'approchait par trop de la maison qu'il occupait avec sa mère. Il est arrêté et interrogé. S'il avait tué le Français avant le 5 août, il serait un héros mais là, après l'Indépendance, c'est juste un meurtrier. Malgré cela Haroun est libéré sans explication alors qu'il voulait être condamné. C'est un Malentendu, une ironie, une absurdité ! Comment prendre la vie au sérieux ensuite.

Kamel Daoud a eu cette idée généreuse de donner une identité à l'Arabe de Camus et de raconter son pays meurtri par la colonisation. A travers Haroun, il tente de reconstituer le crime, les mobiles, les pans d'ombre tout en imprégnant son monologue de son point de vue d'Algérien d'aujourd'hui. C'est l'Endroit et l'Envers de la même histoire. La Chute n'en sera pas une finalement. Pas de fin, pas d'aboutissement tel le Mythe de Sisyphe. Quelqu'un peut-être prendra la relève ?

Ecriture superbe, hommage à Camus. Idée superbe pour un mensonge sublime et une concordance magique avec la vie de son héros Haroun.

A recommander sans modération.
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