AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Dandine


Je suis surpris. Decontenance. J'en perds mon latin. Bienheureux Saint Antoine de Padoue, apotre plein de bonte, toi qui as recu de Dieu le privilege de faire retrouver les objets perdus, aide moi a le retrouver. Mon latin, ou mon jargon javanais, mon francais deracine, decompose et reconstruit tout altere. Ou plutot, plutot que ce latin argotique, retrouve moi le Saint qui me le dispensait, un Saint Antoine autre que toi. Mais ne te presse pas. Parce qu'en attendant, a sa place s'est manifeste un mage laic, un fameux precheur sous le soleil, un archer aux nombreux dards dans son carquois.

Eh oui, cherchant un Saint Antoine j'ai deterre un Dard, et je n'ai pas perdu au change. Il sait concocter du noir et il excelle a gonfler un suspense.

Ici, un jeune homme sort de prison a Noel. Lumieres et fete partout, mais lui est tout esseule et triste. Sa mere est morte quand il etait encore sous les barreaux. “Jusqu'a quel age un homme se sent-il orphelin losqu'il perd sa mere?”. Il rencontre une jeune femme qui lui semble tout aussi triste et esseulee. Il la raccompagne dans son appartement, et pour y acceder il faut prendre, en guise d'ascenseur, un monte-charge. Qui monte, descend, remonte, comme un symbole faisant grimper le suspense, echafaudant un manege machiavelique. En deux montees et descentes la femme devient femme fatale. Il y a mort en la demeure. Ou peut-etre pas? Qu'a vu notre ancien bagnard? Et que fera-t-il? Dard nous fait plonger dans ses pensees, ses doutes, ses decisions changeantes, esquissant toutes les fluctuations, tous les balancements de sa volonte. Un portrait psychologique magistral. Que vaut la liberte? Et pour qui?

Le monte-charge est un polar psychologique, un roman bien noir, raconte a la premiere personne, en une langue simple, epuree, sans artifices beruriesques. Qui reste alerte malgre ses 70 annees. Meme plus qu'a sa jeunesse car les descriptions de faubourgs parisiens des annees 60, des festivites, des habitudes d'alors, tiennent de l'enchantement.

Voila. Tout ca pour dire que si celui-ci sert d'exemple, les romans noirs de Frederic Dard valent ses San-Antonio. Largement. Ce noir c'est du caviar. A deguster.
Commenter  J’apprécie          716



Ont apprécié cette critique (70)voir plus




{* *}