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Critique de Diabolau


Darien était un libertaire. Dès le début de ce récit trop authentique pour ne pas être autobiographique, on le voit en conflit avec sa famille, témoignant d'un caractère indépendant et revêche, et même sans connaître le sujet du livre, je suis persuadé qu'au moment où on le voit s'engager dans l'armée, je me serais de toute façon dit : oula, quelle bêtise est-il en train de faire ?
Cette erreur de jeunesse, ce manque de clairvoyance, il va les payer au prix fort. Car dans les années 1880, période dorée pour les "compagnies disciplinaires" d'Afrique du Nord, alias Biribi, on ne plaisante ni avec l'insoumission, ni avec l'indiscipline.
Ayant lu juste avant l'enquête à charge du journaliste Jacques Dhur, ultérieure de plus de 15 ans au "roman" de Darien, je n'ai pas été foncièrement étonné par la nature des sévices psychologiques et physiques subis par ces bagnards (il n'y a pas d'autre mot). Cela ne fait que les confirmer, ce qui ne les rend pas moins gravissimes pour autant.
Ce qui semble incroyable en revanche, c'est que ni le précurseur Darien en 1890, ni Jacques Dhur en 1915, puis 1925, n'aient réussi à mettre fin à ce scandale, malgré leur médiatisation. Il faudra attendre Albert Londres pour voir les choses s'améliorer, et encore, ce qui porte hélas à croire que ces traitements honteux et inhumains étaient communément acceptés par l'opinion publique.
Darien écrit bien. Son style est imagé, parfois poignant, et je lirai certainement quelques-uns de ses autres romans, d'autant qu'ils ne sont pas non plus légion. Parfois, dans ses emportements de colère militants, il se montre un peu trop lyrique, si ce n'est pompeux, se rapprochant dangereusement du style grandiloquent (oh ! ah !) d'un Zévaco par exemple, et c'est dans ces apostrophes introspectives qu'il m'a parfois un peu gonflé.
Nonobstant, le témoignage en lui-même vaut le détour, et il constitue une preuve – s'il en était besoin – du caractère totalement contre-productif de ces usines à torture. Car ce que Darien a rapporté de Biribi, de son propre aveu, ce n'est pas une hypothétique soumission, contrition ou rédemption, pas même un peu d'amendement, non. Ce qu'il en a rapporté, c'est juste une haine inexpiable.
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