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Critique de Fortuna


Le narrateur part d'une amère constatation : la propriété, c'est le vol, plus on a d'argent, plus en veut, ce sont quelques familles qui possèdent tout et les autres sont condamnés à vivre dans la misère. La société est fondée sur cette criante injustice, la corruption est partout, chez les politiciens, les hommes d'église, les juges, les médecins… Les pauvres sont réduits à l'esclavage, à moins de se faire voleurs… Un voleur honnête, qui dérobe aux riches ce qu'ils volent aux autres, évitant toute violence, toute effusion de sang. Voilà après tout un métier rentable et peu nuisible à la société…

C'est celui que Georges Randal a choisi après que son oncle lui ait dérobé son héritage. En toute légalité, sous l'apparence charitable d'accueillir un orphelin et pour pouvoir marier sa propre fille Charlotte. Charlotte dont le mariage est annulé… suite à un cambriolage chez sa future belle-mère et qui se retrouve enceinte...de son cousin puis chassée de chez son père.

Récit à rebondissements dans le pur style du roman feuilleton, c'est aussi une dénonciation de la société bourgeoise du 19ème siècle - et qui reste tout à fait actuelle -. Georges Darien y démontre que les vrais voleurs ne sont pas forcément ceux que l'on croit, que l'appât du gain pousse les hommes aux pires actes. C'est aussi la condition féminine qu'il défend, la femme n'étant qu'une monnaie d'échange, un faire-valoir, vendue à un mari contre une dot, à un amant contre une rente, la femme mariée rejoignant la cocotte dans cette prostitution généralisée qui lui ôte toute véritable indépendance.

Personne n'est épargné : ni les hommes politiques prostitués au pouvoir, les socialistes hypocrites, les médecins vénaux, les bourgeoises perfides, les hommes de lois, les fonctionnaires, les hôteliers, l'armée, l'école, l'église… de Londres à Paris puis à Bruxelles, en passant par la province, partout la même constatation : tous sont des voleurs. Seul le voleur a l'honnêteté de l'admettre…

Beaucoup d'humour évidemment dans ce roman rocambolesque, de la philosophie aussi, la défense de la liberté de l'individu face à une société qui bride tous les instincts de l'homme. Dès le plus jeune âge l'enfant est réprimé, embrigadé, conditionné, soumis à l'idéologie triomphante, et finalement décervelé pour rentrer dans le moule. le voleur a la liberté du hors-la-loi de créer sa destinée et de décider de sa vie. Mais avec des risques et à la fin souvent seul. Car le voleur aussi porte son fardeau...et risque sa peau. Un roman anarchiste qui va jusqu'au bout de sa logique. A re-découvrir d'urgence !
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