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Critique de ElsaK


Voilà un roman qui ne laissera personne indifférent... S'adresse-t-il surtout aux lectrices ? Peut-être : la présence du corps féminin y est omniprésente, écrasante de chair, d'odeurs, de perceptions.
Ce roman est sous forme de témoignage. La narratrice fait un gros efforts pour nous le confier, elle doit combattre son corps même, lutter pour retrouver une mémoire du passé qui a glissé avec son corps "d'avant".
Elle nous raconte comment, jeune fille, elle a eu la chance de tenir un salon de parfumerie très apprécié. Apprécié des messieurs en particulier, car elle était vraiment très douée en massages "particuliers", avec onguents de luxe et petits extras recherchés. Elle nous raconte son travail et ses clients de façon naturelle, le sexe n'est qu'un détail de ses journées, un boulot comme un autre ou peut-être même mieux, elle est "appréciée", "considérée". Et elle aime Honoré, son compagnon, l'entretient, le dorlote quand il a trop bu, se désole de ne jamais pouvoir faire plus pour lui, si perdu, si gentil...
La narratrice est emportée à la fois par des changements incontrôlables de son corps et par des bouleversements politiques très étranges.
J'ai éprouvé un certain malaise nauséeux devant ce témoignage naïf. Les hommes abusent d'elle, sa mère la méprise et l'utilise, l'homme qu'elle aime l'exploite, et elle continue à "comprendre" qu'ils sont malheureux, ou qu'ils ont besoin d'elle pour aller mieux, elle leur laisse le bénéfice du doute. Entourée de profiteurs, elle interprète les moqueries pour de la compassion, la condescendance pour de la gentillesse. La moindre aumône la rempli de gratitude d'intense. Elle se reproche son manque de culture, ses échecs.
Il y a également la violence des ressentis physiques de la narratrice,
C'est le récit de la déchéance d'une jeune femme qui ne comprend pas le monde dans lequel elle vit, ni les enjeux des interactions humaines, et qui donc ne sait pas se protéger. C'est aussi l'histoire d'une renaissance-émancipation, en une autre forme de vie, plus forte et plus libre, en harmonie avec la nature et les animaux.
Je me suis retrouvée toute bête à pleurer après la dernière ligne, je l'avoue, de tristesse ou de soulagement je ne sais pas : ce livre m'a ébranlé par son coté bancal et cru, "cru" sans vulgarité, cru au sens viande crue, vérité crue, rejet, abus, violence mais aussi beauté dans l'acceptation de l'autre qui crée l'amour.
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