Je n’ai pas le choix d’admettre que mon temps se calcule par l’attente entre les doses.
Il n’y a plus aucun plaisir. Ce n’est pas la douceur d’un vin blanc, la pureté d’une poudre ou le sucre d’un comprimé. C’est la violence au corps, la répétition du même, la peau grisâtre et le nez qui coule.
Mon expérience n’est identique à aucune autre ; elle n’est pas pire et elle n’est pas mieux. Je veux trouver le courage de déplier soigneusement mon parcours, car c’est peut-être la pluralité des expériences qui nous libérera des récits culpabilisants trop souvent entendus à propos de la toxicomanie. C’est peut-être la diversité des témoignages qui nous permettra d’échapper à la trame narrative classique : intoxication et malheur, suivis de la crise et de la prise e conscience menant au succès et au bonheur.