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Critique de colimasson


La beuverie ne tient qu'une faible place dans cet ouvrage. Il en va de même dans nos existences, affairés que nous sommes à parler de la prochaine beuverie alors le temps qui sépare l'une de l'autre est interminable.


La grande beuverie daumalienne a malheureusement un but. Par la contre-exemplarité absurde, elle cherche à dénoncer les formes de mécompréhension qui dérivent de la chute du langage dans le bavardage, « fausse monnaie que ne gage plus l'or d'une expérience réelle ». La beuverie se fait donc thérapie du langage et si « la philosophie enseigne comment l'homme prétend penser, la beuverie montre comment il pense ». Triste beuverie devenue chemin de rédemption d'un langage qui a tout perdu, jusqu'à ses dernières parures tératogènes de l'ère rabelaisienne.


Les contrefacteurs du langage, Scients et Sophes cumulés, Esthetchiens en bout de course comme la cinquième roue du carrosse, capitalistocs et autres ascètes de l'hygiénisme productif, se laissent rencontrer dans le mundus imaginal de l'ivresse, quand les voix se superposent et ne révèlent jamais qu'à demi-mot leur véritable identité. Figures pâlottes d'un subconscient qui apparaît sous réserve d'éthylisme prononcé ? Buveurs incapables de se défaire des chaînes de la confusion langagière ? La beuverie serait une initiation mettant à nu les ruses d'un langage utilitariste.


Sans suite logique, se prenant à la rationalisation qui s'ignore par le rationalisme bien décidé à aller au bout de son totalitarisme, Daumal est parfois lyrique, parfois chiant, aussi exaspéré qu'un moine bouddhiste ayant tout sacrifié pour un Eveil qui ne se produit jamais.
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