Dégoûtation ! Après Pike, après Sukkwan Island, voici
La fille du batelier, troisième Gallmeister sur lequel j'ai dû besogner avec obstination pour enfin ourler le bec de mon premier (et j'imagine pour l'instant sûrement dernier)
Andy Davidson.
N'empêche que cette histoire de Baba Yaga dans le bayou roulant sa bosse au milieu de trafics et entourloupes en tous genres entre locaux et flics ripoux, à vue de nez, ça annonçait une trame certes classique mais ne présageant en rien d'un mauvais moment de lecture, bien au contraire.
D'ailleurs l'entame est tout ce qu'il y a d'alléchante : un batelier, sa fille (donnant son titre au roman) et la vieille sorcière sus-citée, après un accouchement maison ayant viré à la boucherie, voguent de nuit en emportant une petite chose sanguinolente on ne sait trop où mais pour sûr un endroit où nous on irait pas.
Suite à cette scène d'ouverture censée mettre en appétit, un calvaire de lecture arrive tout de suite derrière. Lourd, lent et finalement indigeste. Mais ça peut arriver, la difficulté de maintenir une écriture ciselée et un rythme punchy durant 431 pages, pas toujours évident. Alors on excuse les coups de mou et on attend que ça reparte mais avec ce livre ça ne (re)démarre jamais et arrivée au milieu de l'oeuvre, j'ai fini par me résigner et l'oreille basse, guetter le nombre de pages qui me rapprochaient toujours un peu plus de la délivrance.
La lenteur du tempo est certainement volontaire, les eaux boueuses du bayou, la chaleur et l'humidité ambiantes, la nuit... tout concourt à un alanguissement atmosphérique qui aurait en effet pu être bienvenu s'il avait été rendu avec succès, malheureusement
Andy Davidson semble s'enroupiller sur son histoire et nous perd avant même de nous avoir ferré.
Pour finir, un récit abracadabrantesque qui finit d'enterrer toute velléités d'attention. Alors oui il y a du fantastique et on ne s'attend donc pas à une conjoncture ordinaire mais malgré tout, quand la réalité reprend ses droits sa contrebande et ses tueries, rien ne tient debout : ça coupe des caboches, ça assassine en tirant à l'arc et ça se trimbale tatoué en squelette des pieds à la tête comme on irait au supermarché. Où est la tension que devrait susciter tout cela Andy, hein, où est-elle ?!
La fille du batelier ressemble à une nouvelle qui a voulu jouer dans la cour des romans et s'est étirée sans fin pour atteindre le nombre de mots canonique. Même les personnages paraissent s'en rendre compte parce que soyons honnêtes, certains d'entre eux se demandent sûrement ce qu'ils foutent là, à ne servir à rien sinon noircir quelques pages sans intérêt. Jusqu'au côté surnaturel qui semble surjoué avec les très confuses et brouillonnes forces spirituelles qui se déchaînement pile au bon moment, que les protagonistes avaient même l'air d'avoir consigné dans leur agenda parce que sinon, ben ils auraient pas trop su quoi foutre à cet instant de l'histoire.
Bref, pour moi, toute l'oeuvre est téléphonée, mal mise en scène, laborieuse, insipide... Mais vu le prestige de la maison d'édition (que je remercie au passage, ainsi que Babelio) dans laquelle ce roman est publié, il y a une fois de plus fort à parier que c'est moi qui suis probablement passée à côté. Tant pis.