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Disons-le clairement : si je n'étais pas un inconditionnel de Gallmeister, suivant fidèlement Oliver et sa bande dans tous leurs choix éditoriaux, Dans la vallée du soleil de Andy Davidson – traduit par Laure Manceau – ne serait jamais venu entre mes mains, tant tout ce qui se rapproche un peu du fantastique, même dans un cadre de western contemporain, me fait fuir. Eh bien j'aurais eu tort ; que dis-je : grand tort ! Car ce livre atypique, inclassable et même j'ose, transgenre, m'a interpellé au début, surpris ensuite, puis captivé jusqu'à sa fin. Chargé d'un lourd passé psychologique et familial, Travis Stillwell erre avec son pick-up et sa caravane sur les routes du Texas, sans autre but qu'une fuite vers l'Ouest, toujours le dos au soleil, parsemant sa route de cadavres de femmes affreusement mutilées. Travis est désespérément seul et en même temps si mal accompagné : de ses démons ; et de Rue qui s'est emparée de son corps, et un peu de son âme. L'attirance devient combat puis torture, jusqu'à ce que la route de Travis croise celle d'Annabelle et de son fils Sandy. Nait alors une faible lueur d'espoir qui brise peu à peu l'inéluctabilité macabre de cette errance sanglante, torturée et morbide. Avec une finesse de narration et de style parfaitement maîtrisée, Davidson revisite un des classiques mythiques de la littérature du XXe siècle, jamais cité mais toujours suggéré, en lui ajoutant un souffle poétique, naturel et empathique absolument magistral. le travail en profondeur de ses personnages rend attachant la monstruosité des actes de Travis comme la fragilité d'Annabelle et le rôle rédempteur du jeune Sandy. Si Alex Taylor nous contait il y a quelques mois que seul le sang venge et apaise, Andy Davidson lui répond aujourd'hui en ajoutant que seul le sang nous accomplit. Alors si le sang et les constructions littéraires atypiques ne vous effraient pas, précipitez-vous vers ce livre injustement trop peu vu en cette rentrée littéraire, encore une fois trop riche. + Lire la suite |