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Critique de Readeronthestorm


Je dois bien avouer que dans les premières pages, je n'y croyais pas trop, à l'intérêt de revenir ainsi sur un micro-événement des grèves de 1950 à Brest, la réalisation et la projection rendant hommage à un manifestant, Edouard Mazé, assassiné par la police.
Mais peu à peu la magie opère, et on suit la douce folie conquérante de ce jeune cinéaste, René Vautier, et de son équipe de tournage et de projection improvisée, constituée d'ouvriers grévistes.
Quand le film est projeté et que, faute de bande-son, Vautier enregistre pour l'accompagner un poème de Paul Eluard dédié à Gabriel Péri fusillé par les Allemands en 1941, puis que plus tard, cet enregistrement défaille à son tour et que Ptit-Zef, l'un des équipiers de Vautier, en restitue l'esprit sinon la lettre dans un poème improvisé en hommage à Mazé, on comprend que c'est là de la littérature, et qu'il n'y a peut-être même de littérature que là, dans ce téléphone arabe, ce fil qui chante pour la liberté et le bonheur des hommes. Que Péri est Eluard, qui est Mazé, qui est Vautier, qui est Petit-Zef et ses camarades, qui sont Kris et Davodeau. Et que nous lecteurs avons, parce que cette chaîne n'a pas été interrompue, le privilège de les écouter jusqu'au jour où il nous faudra, avec d'autres mots, peut-être d'autres moyens, chanter la même chose qu'eux.
Et montrer cela, sans emphase inutile, en quelques pages d'un texte bref et d'un dessin sobre, c'est une sacrée réussite.
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