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Critique de camati


camati
26 septembre 2021
Pour La Mer Noire, court livre de Kéthévane Davrichewy, auteure française d'origine géorgienne, une jolie couverture avec une photo de Physalis, fleur également surnommée "amour en cage". Certainement pas un hasard...
Nous découvrons qui est Tamouna au compte-gouttes; quelques touches disséminées de ci de là, au fil des chapitres. Avant de nous dévoiler son identité, un chapitre l'appellera "Elle", alors que dans le suivant , elle parlera à la première personne. "Elle" est à Paris, "Je" vis en Géorgie.
Autre petite touche, une simple allusion: un gros appareil à côté de son lit, éteint . le lecteur ne peut manquer de se poser des questions: qui est-elle? que fait-elle? est-elle malade? Il faudra lire plusieurs chapitres pour pouvoir compléter le puzzle.
Dans le premier, un seul nom nous est proposé, masculin, celui de Tamaz. Qui est-il? On sent qu'il est important pour le personnage principal, mais c'est tout.
Cette dernière oscille entre rêve et réalité, souvenirs et moment présent, puisqu'elle ne peut plus faire grand chose. Alors elle entreprend de partager avec le lecteur ses souvenirs d'enfance et l'histoire de son exil au début du 20ème siècle.
Le père de Tamouna était Ministre de l'Agriculture lorsqu'elle avait 15 ans, mais il a dû fuir avec sa famille , avant que la Russie soviétique n'annexe son pays. Elle ne reverra jamais ses grands-parents, mais elle aura eu le temps de faire la connaissance de Tamaz, avant que L Histoire ne les sépare comme elle les séparera encore par la suite.
Le lecteur finit par apprendre que l'appareil près du lit est un respirateur, que Tamouna va fêter son 90ème anniversaire en famille et que Tamaz sera là.
Lorsque sa famille n'est pas auprès d'elle, elle vit avec Pacha, son chat, et Mohamed, homme à tout faire, exilé à Paris lui aussi, et passe le plus clair de son temps à regarder par la fenêtre ouverte pour laisser entrer la vie, pour laisser vagabonder son esprit en imaginant la vie des gens qu'elle aperçoit par la fenêtre.
Ce passage incessant de "elle" à "je" et de "je" à "elle" est parfois perturbant et nécessite d'être attentif, mais il a l'avantage de situer l'action dans le temps (le passé ou le présent) et l'espace (Paris ou Tbilissi en Géorgie). Il donne le sentiment de suivre deux histoires parallèles.
Son imagination et sa mémoire, même épisodique, lui, permettent de continuer à vivre et à voyager sans bouger, car elle ne sort plus de son appartement, elle ne peut même plus peindre. Elle a besoin d'être alimentée en oxygène, mais ne se plaint que des marques que cela laisse sur son nez. Coquetterie de femme sûrement.
Tamouna entremêle souvenirs de famille et souvenirs de Tamaz, l'amour de sa vie depuis l'âge de 15 ans -sentiment d'ailleurs réciproque. Et pourtant, il ne se passera quasiment jamais rien entre eux,, l'amour est resté dans sa cage de mémoire et d'amour.
En dehors de cette histoire romantique, nous découvrons les us et coutumes des Géorgiens, leur sens de la famille, et nous les suivons tout au long du vingtième siècle, ballottés par les vicissitudes de l'Histoire, ne sachant plus vivre ailleurs qu'en France, le pays où ils ont émigré, mais où il n'a pas été facile de s'intégrer. le clan les y a aidés. je vous invite à faire leur connaissance.
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