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Critique de NoniNomNom


750 pages : BAM ! A peine rentré de Prague, je fus pris d'une irrépressible envie de lire (mon rythme de vie tchèque s'étant montré incompatible avec cette activité), et c'est tout naturellement que je me suis jeté sur un transat avec ce pavé orange de Richard Dawkins dans les mains. A moi la connaissance ! J'aurais pu entamer un roman quelconque mais non, il me fallait du lourd, du concret, et je n'aurais pas pu rêver mieux que cet ouvrage. Attention, quand j'utilise l'adjectif « lourd », ça ne désigne que le poids de l'objet et non pas son contenu, ne nous méprenons pas.

« Lourd » est en effet le dernier adjectif que j'utiliserais pour qualifier l'écriture du biologiste anglais. Ce type est émerveillé et ça se sent : la sélection naturelle, il l'aime d'amour, il la kiffe, et son plus grand bonheur semble être de faire partager son plaisir de la manière la plus claire et agréable possible pour le lecteur. Et ça marche ! Entamer un bouquin de cette envergure peut avoir un côté effrayant, la première interrogation étant « vais-je y comprendre un traitre mot étant donné que mon dernier cours de biologie remonte à x années ? ». Ce serait oublier que Richard Dawkins est un excellent vulgarisateur, attristé par l'utilisation abusive de jargon spécialisé dont usent certains de ses confrères, les rendant incompréhensibles à la majorité des gens.

En deux mots, l'idée de Dawkins dans ce livre est la suivante : prendre l'évolution à rebours, à la manière d'un pèlerinage. Toutes les espèces peuplant notre planète, qu'il s'agisse de l'être humain ou de la méduse, cheminent en direction d'un point très lointain : le commencement de la vie, il y a quelques milliards d'années. L'auteur choisit de suivre les êtres humains mais insiste sur un point : il aurait tout aussi bien pu partir du mouton, dont l'histoire évolutive est tout aussi riche en enseignements que celle de l'être humain, pour la simple et bonne raison qu'ils n'ont pas disparu (c'est aussi valable pour les mouches ou les ratons-laveurs). le pèlerinage est ponctué de rendez-vous, ces moments où une espèce a divergé en différentes branches, l'une menant aux êtres humains et d'autres menant par exemple à divers primates (au début du roman) ou à certaines bactéries (plutôt vers la fin, forcément). Chaque rendez-vous donne l'occasion à l'auteur de nous parler des espèces qui nous rejoignent (ou que nous rejoignons, selon le point de vue) et qui ont quelque chose à nous apprendre.

Et c'est passionnant. Bien sûr, c'est parfois un peu compliqué à suivre, particulièrement quand l'auteur décrit la méthodologie utilisée pour arriver à certaines conclusions, mais Dawkins se plie en quatre pour que son lecteur le suive sans trop de difficulté dans ce long voyage, et la plupart du temps ça marche. J'ai aussi beaucoup apprécié l'absence de ton moralisateur, même si une certaine aigreur se fait sentir au détour d'allusions à certaines espèces disparues récemment, et on aurait bien tort de l'en blâmer. La science étant faite de débats, et même s'il développe bien évidemment plus en profondeur ses opinions, il ne manque non plus jamais d'évoquer ses contradicteurs sérieux (tout en réservant son mépris le plus cinglant aux créationnistes de tout poil, des piques d'ailleurs toujours jouissives).

Pour conclure, je répéterais encore une fois à quel point l'émerveillement de Richard Dawkins est communicatif. On parle quand même là d'un ami du grand Douglas Adams, qu'il cite d'ailleurs à plusieurs reprises (le premier ouvrage de la bibliographie n'est autre que Dirk Gently : Détective Holistique, si), et j'ai vraiment compris à la lecture de ce livre pourquoi ces deux types s'appréciaient tant. Que Richard Dawkins évite juste de partir aussi tôt que son compère et on s'en portera tous très bien.
Lien : http://nonivuniconnu.be/?p=878
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