Les littératures de l'imaginaire peuvent parfois intimider les lectrices et les lecteurs qui auraient peur de s'y perdre. C'est pourquoi la librairie Point Virgule vous propose cette semaine une sélection de romans drôles et accessibles pour découvrir le fantastique ou la science fiction.
- Le club des punks contre l'apocalypse zombie, Karim Berrouka, Actu SF, 29,90
- Le guide du voyageur galactique, Douglas Adams, Folio SF, 8,10
- Days, James Lovegrove, Bragelonne, 7,90
- Neverwhere, Neil Gaiman, J'ai Lu, 8,10
"Je refuse de prouver que j'existe, dit Dieu, car prouver c'est renier la foi et sans foi, je ne suis plus rien.
- Pourtant, remarque l'Homme, le Babelfish en dit long sur le sujet, non ? Son évolution ne saurait être le seul fruit du hasard. Il prouve votre existence et donc, selon votre propre théorie, vous n'existez pas, C.Q.F.D.
- Sapristi, s'exclame Dieu. C'est que je n'avais pas pensé à ça ! " et sur-le-champ il disparaît dans une bouffée de logique.
"Bah c'était facile", dit l'Homme puis - en guise de rappel - il se met à prouver sur sa lancée que le noir est blanc et finit écrasé sur le premier passage pour piétons.
Durant un moment, il ne se produisit rien.
Puis, au bout d'une seconde à peu près, il continua de ne rien se produire.
D’après mon médecin, je souffre d’une malformation de la glande altruiste assortie d’une déficience de la fibre morale et en conséquence je suis dispensé de sauver les Univers.

- Enfin, dit Ford en s’accroupissant, plein de frissons auprès du robot, pourquoi rester couché ainsi, le nez dans la poussière ?
- C'est un moyen très efficace de se sentir au plus bas, expliqua Marvin. Et ne faites donc pas semblant de vouloir me faire la conversation. je sais fort bien que vous me détestez.
- Mais non.
- Mais si. tout le monde me déteste. C'est dans l'ordre de l'univers. Je n'ai qu'à parler à quelqu'un et on se met à me détester. Même les robots me détestent. Si vous voulez bien maintenant m'ignorer, je pense que je pourrais sans doute m'éclipser.
Il se mit laborieusement sur pied et se tint résolument dans la direction opposée.
" Ce vaisseau me détestait, lança-t-il, découragé, en indiquant l'astrocar de la police.
- ce vaisseau ? dit Ford, soudain très excité. Que lui est-il arrivé ? Vous le savez ?
- Il me détestait parce que je lui ai parlé.
- Vous lui avez parlé ! S'exclama Ford. Comment ça, vous lui avez parlé ?
- Facile : j'étais déprimé, je m'ennuyais tellement que je suis allé me brancher sur ses prises d'interface extérieure.Et puis, j'ai longuement parlé à l'ordinateur, en lui expliquant mes vues sur l'univers, expliqua Marvin.
- Et que s'est-il passé ? insista Ford.
- Il s'est suicidé", dit Marvin, en regagnant à pas lourds le Cœur-en-Or.
Il est un fait important (et bien connu) que les choses ne sont pas toujours conformes aux apparences. Par exemple, sur la planète Terre, l'homme a toujours considéré qu'il était plus intelligent que les dauphins sous prétexte qu'il avait inventé toutes sortes de choses - la roue, New York, les guerres, etc. - tandis que les dauphins quant à eux n'avaient jamais rien su faire d'autre que déconner dans l'eau et plus généralement prendre du bon temps. Mais, réciproquement, les dauphins s'étaient toujours crus bien plus intelligents que les hommes - et précisémment pour les mêmes raisons.
"Elle ne va franchement pas vous plaire, observa Pensées Profondes.
-Dis-la-nous quand même !
-D'accord, dit Pensées Profondes. La réponse à la grande Question ...
- Oui ... !
- De la Vie, de l'Univers et du Reste ..., poursuivit Pensées Profondes.
- Oui ... !
- C'est ..., dit Pensées Profondes, marquant une pause.
- Oui ... !
- C'est ...
- Oui ... !!!! ... ?
- Quarante-deux ", dit Pensées Profondes, avec infiniment de calme et de majesté.
Tu sais, remarqua Arthur, c'est en de tels moments, quand je me retrouve coincé dans un sas vogon en compagnie d'un natif de Bélelgeuse, au seuil d'une mort imminente par asphyxie dans les profondeurs de l'espace, que je regrette de ne pas avoir écouté ce que me disait ma mère quand j'étais petit.
– Eh bien, que te disait-elle ?
– Je sais pas. J'ai pas écouté.
Deux secondes plus tard, il apercevait dans son rétro le reflet de l’auto-stoppeur, trempé, sur le bas-côté. Durant une minute, il se sentit tout content. La minute suivante, il culpabilisa d’avoir été content de ce qu’il avait fait. Puis il fut content d’avoir culpabilisé d’avoir été content de ce qu’il avait fait et, satisfait, poursuivit sa route dans la nuit.
Les déviations sont ces dispositifs permettant à certaines personnes de se précipiter à fond de train du point A au point B tandis que d’autres personnes en font de même mais du point B au point A. Les gens qui vivent au point C, exactement situé à mi-chemin, ont souvent tendance à se demander ce qu’a de particulier le point A pour que tant de gens du point B aient envie de s’y rendre et ce qu’a de particulier le point B pour que tant de gens du point A aient envie de s’y rendre. Bien souvent ils préféreraient que les gens décident une bonne fois pour toutes où diable ils ont envie de se fixer.
L'une des choses que Ford avait eu le plus de mal à comprendre chez les humains était leur manie de perpétuellement dire et répéter les plus plates évidences, genre :"Quelle belle journée" ou : "Comme vous êtes grand"... Au début Ford avait bâti une théorie pour expliquer ce comportement bizarre : peut-être que si les humains cessaient d'agiter les lèvres, leur bouche risquait de s'ankyloser. Après quelques mois de réflexion et d'observation, il abandonna cette théorie au profit d'une autre : s'ils cessaient d'agiter les lèvres, leur cerveau se mettait à travailler. Au bout d'un moment, il la laissa également tomber, la jugeant d'un cynisme rédhibitoire et conclut en fin de compte qu'il aimait bien les humains après tout; mais il ne laissait pas d'être désespérément affligé par la terrifiante étendue de leur ignorance.