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Critique de mh17


mh17
13 décembre 2021
Je m'attendais à un roman tragique au vu du titre révélateur mais j'étais bien en deçà de la vérité. L'oeuvre est inconfortable. Elle m'a inspiré non seulement terreur et pitié mais un sentiment de gâchis et d'impuissance terribles.
La Déchéance d'un homme est initialement parue en feuilleton en 1948, l'année du suicide réussi de Dazaï Osamu, qui a mené jusqu'à sa mort une vie tumultueuse et désespérée. Il s'agit donc d' un "shishôsetsu", un roman personnel où figurent de nombreux éléments autobiographiques. Presque des confessions,. Mais c'est aussi une fiction très bien construite, d'une grande sobriété. dans la préface fictive, un narrateur extérieur décrit trois photographies d' un même personnage à trois âges de la vie : l'enfant "plein de rides qui sourit comme un singe"; le bel étudiant au sourire factice, l'homme sans âge au visage de mort. Cette préface est suivie des trois carnets de Yôzo. A la fin l'épilogue nous explique comment ces carnets ont été confiés au narrateur. Il y a donc une distanciation par rapport aux événements qui donne de l'air à la lecture.
Yôzo depuis l'enfance est spectateur de sa vie. Il est timide, hypersensible, susceptible. Il éprouve une profonde honte. Il ne s'intéresse pas à ce qui intéresse les autres, Il ne s'ouvre à personne. Il a peur. Il est terrorisé. Il semble avoir été traumatisé mais nous n'en saurons pas plus. Il ne peut pas dire la vérité. Au Japon, dans ces familles aisées encore très traditionnelles, on ne se livre pas, on ne s'épanche pas, on respecte la hiérarchie et on déjeune en silence. Pour donner le change, Yôzo fait le "bouffon", il s'arrange pour que les autres autour de lui soient contents sans connaître ses pensées. il ne semble pas avoir de désir propre, il ne sait pas comment aimer les autres alors il porte un masque. Plus tard étudiant, il joue au communiste parce que c'est illégal et qu'il peut manger et surtout boire à l'oeil. Il fait une première tentative de suicide en compagnie d' une femme qu'il n'aime pas. Il a joué au suicide romantique et se retrouve en prison. Les femmes qu'il rencontrent sont généralement aimantes et l'entretiennent. Mais les histoires sont finies avant d'avoir commencé. Yôzo se complaît dans la fatalité et s'enfonce dans sa déchéance.
Le roman est dur mais c'est un livre à nul autre pareil qui vous poursuit longtemps.


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