AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Sachenka


« Karl & Rosa », c'est la chronique d'une révolution avortée. Ce quatrième et dernier tome de la série « Novembre 1918 » est un peu plus éclaté, son auteur Alfred Döblin offre un défi respectable. La chronologie n'est pas toujours linéaire (les événements relatés s'étalent sur une plus longue période) et l'action se déplace un peu plus, moins confiné à l'Allemagne et lorgnant du côté de la Russie à quelques reprises. On commence en 1915. Rosa Luxembourg est en prison pour ses activités subversives. Ce temps est mis à profit pour le lecteur, elle réfléchit et ressasse le passé, pense à Karl Liebknecht, l'autre grande figure de cette révolution en mouvement, un des fondateurs de la social-démocratie allemande et également emprisonné. On pourrait croire que le mouvement est affaibli mais non. Une fois libérés, ils reprennent le combat.

Ensuite on passe aux événements de la révolution russe et de la prise du pouvoir par les communistes. Puis on revient en Allemagne et à sa situation politique très complexe. Au tournant des années 1918-1919, le parlement est impopulaire, les militaires essaient de le soutenir mais le peuple réclame des changements. C'est alors que beaucoup se tournent vers les communistes et autres sociaux-démocrates. Évidemment, l'auteur décrit avec énormément de détails et de précision divers événements qui se déroulent à Berlin et ailleurs. Tellement que ça en donne le tournis. Je suggère à quiconque se lance dans cette lecture de s'y consacrer exclusivement et rapidement. Si on traine en longueur, on risque d'en oublier des bouts…

Pour raconter autant avec exactitude et rigueur historique, il faut une galerie de personnages impressionnante (Ebert et Noske en tête). En ce sens, le glossaire des personnages et organisation ainsi que la chronologie générale sont aidant.

« Karl & Rosa » ne raconte pas que de grands événements, le destin des petites gens n'est pas ignoré. le lecteur peut retrouver certains qui lui sont familiers, comme Maus, Johannes Tauler, Erwin Stauffer, Klara, Hilde et Friedrich Becker. Ces hommes et ces femmes, une fois l'effort de guerre terminé, essaient de retrouver une vie normale. Très peu y arrivent avec succès, tous gardent des traces, des séquelles. J'ai beaucoup aimé les passages avec Becker, redevenu instituteur, qui échange avec ses élèves entre autres sur la pièce Antigone de Sophocle. Quels sont les droits de l'individu face à l'État ? Existe-t-il une liberté politique ? Des questions importantes en cette période troublée et pas tous en arrivent aux mêmes conclusions. Les jeunes conservateurs patriotiques rejettent leur nouveau mentor, annonçant les débordements de la montée du nazisme.

« Karl & Rosa », même s'il déborde un peu de l'espace temporel prévu au départ, raconte la fin de la guerre et de la révolution allemande de divers points de vue. Tout un exploit de la part d'Alfred Döblin. Une lecture pas toujours facile mais très intelligente.
Commenter  J’apprécie          270



Ont apprécié cette critique (25)voir plus




{* *}