Le jour avant le bonheur

De Luca revient encore dans ce dernier roman sur son enfance et sa jeunesse napolitaines. le narrateur, un orphelin confié aux bons soins d'un concierge sage et plein de coeur, Don Gaetano, vit dans la cour d'un immeuble populaire des bas quartiers de Naples, il y fait ses apprentissages sous la houlette de son mentor, passant des études scolaires au bricolage dans l'immeuble ainsi qu'à la découverte des femmes et des rapports sociaux, si particuliers dans cette grande ville du sud Italien. Fasciné, encore enfant, par le visage triste d'une fillette apparu à la fenêtre du dernier étage, il voit exaucé son plus cher désir, celui de la retrouver, à la fin de son adolescence : mais elle est devenue la maîtresse d'un petit voyou camorriste, et le passage du narrateur à l'âge adulte sera marqué par l'amour, la mort et l'exil.
Un texte beau, pudique et dense, marqué par le rappel lancinant des souvenirs d'enfance - sans compter ceux de Don Gaetano sur la guerre et la révolte napolitaine contre l'occupant allemand en 1943 - par l'évocation d'un monde perdu et d'une relation chaleureuse et fondatrice entre un adulte, substitut paternel, et l'enfant à qui il apprend à vivre. Roman d'apprentissage, ce livre est aussi un roman d'amour qui tient en haleine le lecteur.
Lu en traduction. Toutefois il faut lire dans le texte la prose dense, économe de mots, dépouillée, poétique, ou chaque mot fait mouche, d'Erri de Luca, qui à mon avis s'affadit à la traduction, si bonne soit-elle.