AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Danièle Valin (Traducteur)
EAN : 9782070124848
144 pages
Gallimard (07/05/2010)
3.75/5   573 notes
Résumé :
Nous sommes à Naples, dans l'immédiat après-guerre.
Un jeune orphelin, qui deviendra plus tard le narrateur de ce livre, vit sous la protection du concierge, don Gaetano. Ce dernier est un homme généreux et très attaché au bien-être du petit garçon, puis de l'adolescent. Il passe du temps avec lui, pour parler des années de guerre et de la libération de la ville par les Napolitains ou pour lui apprendre à jouer aux cartes. Il lui montre comment se rendre util... >Voir plus
Que lire après Le jour avant le bonheurVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (117) Voir plus Ajouter une critique
3,75

sur 573 notes
Orphelin, le jeune garçon a eu cette chance incroyable de croiser la route de Don Gaetano. Concierge de l'immeuble, il s'est très vite pris d'affection pour cet enfant des rues. Il lui raconte les années passées en Argentine, la ville de Naples sous les bombardements, la vie de ce Juif qu'il avait caché, les pensées qu'il sait lire dans la tête des gens. Ils vivront ainsi tous les deux, entre deux parties de scopa, les services qu'ils se rendent mutuellement, les parties de foot organisées dans les ruelles, les livres que Don Raimondo lui prête gracieusement et qu'il s'empresse d'aller feuilleter dans sa cachette, la veuve de l'immeuble qui lui vante ses charmes et l'initie au doux plaisir de l'amour et la superbe jeune fille du balcon qu'il n'ose approcher...

Une ode à la ville de Naples, un roman initiatique, un voyage au goût doux-amer, une aquarelle délicate... Ce livre est tout à la fois. Erri de Luca sait mieux que personne raconter les histoires les plus simples qui deviennent presque un enchantement sous sa plume. Il choisit les mots avec délicatesse, joue avec, les fait danser sur un rythme de tarentelle ou les fait s'entrechoquer. A la fois nostalgique, poétique, humain et touchant, ce roman singulier fleure bon la sfogliatella ou l'orzata...

Le jour avant le bonheur... Et si c'était hier ?
Commenter  J’apprécie          730
Dans un quartier populaire du Naples de l'après-guerre, un orphelin vit seul dans l'immeuble où don Gaetano est concierge. le vieil homme solitaire et l'enfant abandonné forment, sans le dire, une famille de coeur. Ignorant de son histoire familiale, l'orphelin apprend tout du sage concierge. C'est lui qui lui enseigne la scopa, ce jeu de cartes napolitain où il excelle, c'est lui qui lui raconte la ville pendant la guerre, les nazis, les fascistes, le juif qu'il a caché, l'insurrection du peuple, sa vie en Argentine, c'est lui aussi qui lui apprend la plomberie, qui l'envoie chez la veuve de l'immeuble pour de menus ''réparations''. Et don Gaetano n'est pas seulement un bricoleur hors pair, un champion de la scopa, le meilleur cuisinier pour les pâtespatates, il sait aussi attraper les pensées des gens qui volent jusqu'à lui. C'est comme ça qu'il sait que l'orphelin n'a jamais pu oublier la petite fille du troisième qui le regardait derrière sa fenêtre alors qu'il tentait d'être le plus brillant des gardiens de but de la rue. Quand elle réapparaît dans sa vie, le concierge le met en garde...

De Naples ou de don Gaetano qui est le héros de cette histoire ? Les deux car ils sont liés dans le même amour que l'orphelin narrateur leur porte. Dans une langue rendue vive par le patois napolitain, Erri de Lucca raconte le parcours initiatique d'un jeune garçon, une ''bonne graine'' dans une ville dont il apprend aussi à connaître l'histoire et la géographie grâce à son mentor. Et l'enfant va grandir, bercé par les récits du vieux concierge, guidé par ses conseils, nourri par les livres que lui prête le libraire don Raimondo, instruit par l'école publique et gratuite.
Cet ode à Naples, ce récit initiatique qui prend parfois des allures de conte est un petit bijou de poésie, de délicatesse et d'humanité. A lire sans modération.
Commenter  J’apprécie          650
Le jeune garçon est orphelin. Sa famille est l'immeuble où il habite, dans le Naples de l'après-guerre. Celui qui pour lui ressemble à un père, en est le gardien : Don Gaetano. Il se sent libre et s'évade dans le monde des livres. Il apprend la guerre de la bouche de Don Gaetano. Il aime apprendre.

On retrouve dans ce roman les mêmes ingrédients que dans "Tu, mio". Cela m'a fait penser à cette citation du livre : « L'histoire était une cuisine d'ingrédients on changeait les proportions et il en sortait un tout autre plat. »
Naples, guerre, tramontane, sirocco, soleil, libeccio, pêche, mer, Argentine, garçon, apprentissage, Histoire vécue. Tout cela mélangé selon les proportions choisies, nuancé, pimenté, pour savourer un plat succulent, poétique, tendre et un brin amusant.

On va à la rencontre des habitants de cet immeuble, on imagine le linge suspendu au-dessus de la cour, on assiste aux disputes qui se règlent par un café, on sourit aux mots de la Capa, ce cordonnier drôle malgré lui. Il confond cimetière et séminaire, catacombes et cacatombes, inspecteur des impôts et imposteur. Il est aussi dans le vrai. On joue aux cartes et on pénètre les pensées qui s'envolent.

le jour d'avant le bonheur, peut-on le reconnaître ? Il se faufile à l'improviste. Il faut saisir l'instant fugitif, se préparer au lendemain, ne pas tituber de bonheur, redescendre doucement.

Une histoire simple qui, racontée autrement n'aurait pas le même effet, semblerait un peu fade. Avec les mots d'Erri de Luca, c'est une belle mélodie. On se laisse bercer.

Commenter  J’apprécie          610
J'aime l'écriture d'Erri de Luca. Ses mots me transportent toujours, mon esprit s'envole grâce à sa poésie. J'aime aussi ses personnages si ancrés dans leur pays, dans leur ville, dans Naples. J'aime ses descriptions d'un peuple miséreux et laborieux, si plein de respect pour son histoire, pour ses traditions.

Naples, années d'après-guerre. le narrateur est un jeune orphelin. Il vit sous la protection d'un gardien d'immeuble, Don Gaetano. De lui, il apprendra la vie, l'histoire, l'amour, et un métier. Il apprendra aussi à écouter le monde et entendre les pensées des autres. Grâce à lui, il découvrira son chemin d'homme...

Lire Erri de Luca c'est se perdre dans Naples, sentir les odeurs de la cuisine, écouter les gens qui s'interpellent d'une fenêtre à l'autre, c'est découvrir la nature et surtout le géant qui surplombe la ville. C'est humer l'air du large qui s'infiltre dans les ruelles. C'est aussi regarder les gamins des rues qui jouent au foot, les adultes qui jouent du couteau. C'est entendre le parler local et non pas l'italien. C'est rencontrer des personnages d'une grande humanité, simples et solidaires...

Un roman magnifique sur le passage à l'âge adulte, sur la construction de soi.
Commenter  J’apprécie          593
♫♫ Il est où le bonheur, il est où ? ♫♫

Ne cherchez plus.
C'est le narrateur de ce roman d'initiation, plein de délicatesse et de drôlerie, qui semble l'avoir trouvé.


Nous sommes à Naples, c'est l'après-guerre et l'histoire nous est racontée par un jeune orphelin vivant dans un réduit d'un vieil immeuble, sous la protection du concierge, un homme généreux et plein de ressources, don Gaetano.
C'est lui qui va lui raconter Naples pendant la guerre, qui va l'initier à un tas de choses toutes simples mais bien utiles : les cartes, les bonnes pasta e patate, la plomberie, la sexualité d'une certaine façon mais surtout lui apprendre à grandir.


C'est ma première rencontre avec Erri de Luca. Si l'histoire en elle-même ne m'a pas immédiatement emballée – j'ai trouvé le début très lent à se mettre en place alors que ce roman est très court !- l'écriture d'Erri de Luca, elle, m'a emportée.
C'est une prose très poétique, si je puis m'exprimer ainsi, avec des comparaisons parfois improbables et étonnantes mais très belles.
Je vais considérer ce roman comme mon Jour avant le bonheur, en espérant bien trouver la plénitude dans un des autres livres d'Erri de Luca.
Commenter  J’apprécie          513


critiques presse (1)
Lexpress
21 février 2012
La quête existentielle d'un jeune orphelin napolitain au lendemain de la guerre. Magnifique.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (256) Voir plus Ajouter une citation
Les disputes, les accrochages étaient fréquents, parce que les gens vivaient les uns sur les autres. C'était dû à la friction. On parle d'accrochages parce qu'ils ont un adhésif qui se colle aux mots, les entraîne vers les mains et il faut ensuite un solvant pour séparer. Don Gaetano disait : « Les ânes se disputent et le chargement verse. » Pour les bagarres entre femmes, il utilisait un diluant magique : il offrait une tasse de café.
Elles firent la paix. Le café de don Gaetano avait des pouvoirs judiciaires, c'était la cassation. Il réglait les disputes. Pour ajouter mon grain de sel à la réussite, j'allumai les lumières de Noël. Elles s'embrassèrent et sortirent bras dessus bras dessous en se racontant leurs histoires.
"Don Gaetano, que mettezvous dans le café pour obtenir cet effet?
- 'A pacienza, j'y mets de la patience. C'est une racine qui pousse dans nos ruelles. Celles-ci, elles avaient besoin de se défouler, de sortir de chez elles, de quelqu'un qui les écoute."
Commenter  J’apprécie          60
Ce soir-là dura plus longtemps que les autres. Don Gaetano me passait le relais d'une histoire. C'était un héritage.
Ses récits devenaient mes souvenirs. Je reconnaissais d'où je venais, je n'étais pas le fils d'un immeuble, mais d'une ville. Je n'étais pas un orphelin de père et de mère, mais le membre d'un peuple. Nous nous sommes quittés à minuit. Je me suis levé de ma chaise grandi, sous mes pieds une semelle me donnait de nouveaux centimètres. Il m'avait transmis une appartenance. J'étais un habitant de Naples, par compassion, colère et honte aussi de celui qui est né trop tard.
Commenter  J’apprécie          30
Au milieu du golfe était ancré un porte-avions américain, tout autour une centaine de petits bateaux à voile faisaient la course entre les bouées. Avec toute la mer qui les entourait, ils se pressaient dans un espace étroit. Les histoires de don Gaetano aussi étaient nombreuses et tenaient dans une seule personne. C'était parce qu'il avait vécu en bas, disait-il, et que les histoires sont des eaux qui vont au bout d'une descente. Un homme est un bassin de recueil d'histoires, plus il est en bas plus il en reçoit.
Commenter  J’apprécie          80
«Les chars allemands parvinrent à franchir le barrage de la via Foria, descendirent piazza Dante et se dirigèrent vers la via Roma. Là, ils ont été arrêtés. Giuseppe Capano, âgé de quinze ans, s'est glissé sous les chenilles d'un char, a dégoupillé une grenade et a réussi à s'en- fuir par-derrière avant l'explosion. Assunta Amitrano, quarante-sept ans, a lancé du quatrième étage la plaque de marbre d'une commode et a démoli la mitrailleuse du char. Luigi Mottola, cinquante et un ans, égoutier, a fait sauter une bombonne de gaz sous le ventre d'un char d'assaut, en passant par une plaque d'égout. Un étudiant du conservatoire, Ruggero Semeraro, dix-sept ans, a ouvert la fenêtre de son balcon et a joué au piano La Marseillaise, cet air qui donne encore plus de courage. Le curé Antonio La Spina, soixante-sept ans, sur la barricade devant la banque de Naples, criait le psaume 94, celui des vengeances. Le coiffeur Santo Scapece, trente-sept ans, a lancé une bassine de mousse de savon sur la fente de vision d'un tank qui est allé s'écraser contre le rideau de fer d'un fleuriste. En l'espace de trois jours, le tir des habitants était devenu infaillible.
Commenter  J’apprécie          00
C'était le jour de l'an pour les juifs et il devait l'être pour nous aussi. Ce jour-là, la ville tira ses meilleures charges, les coups de la liberté. Les Allemands se retirèrent, pourchassés et pris pour cible Une par tous les toits et tous les coins de rues. Ils tirèrent les derniers coups de canon de Capodimonte. L'un d'eux atterrit devant la porte de notre immeuble et explosa près du rez-de-chaussée. Dans sa cachette, le juif fut jeté hors de son lit de camp et se blessa à la tête. Il la banda en déchirant sa chemise. Je le trouvai ainsi le soir quand je lui apportai la nouvelle du départ des Allemands.
« "C'est vous qui avez gagné ?" Il ne me croyait pas. « "Vous aussi, vous avez gagné.
«– C'est la première guerre gagnée depuis l'époque de Judas Maccabée. Et c'est aussi la première fois que notre ville gagne une guerre.
«- Et c'est aussi la première fois que vous vous cassez la tête en tombant du lit"
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Erri De Luca (86) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Erri De Luca
Rencontre animée par Olivia Gesbert
De la bibliothèque paternelle à l'ombre de laquelle il a grandi jusqu'aux chantiers où il a été ouvrier, Erri de Luca a noué avec la lecture, puis avec l'écriture un rapport particulier pour bâtir une oeuvre double, celle d'une fiction romanesque aux forts accents autobiographiques et celle d'une réflexion sur l'Écriture. Depuis trente ans, c'est une oeuvre foisonnante et protéiforme qu'il bâtit, caractérisée par un style limpide, poétique, épuré. Ponctués de pensées, de métaphores, d'aphorismes, ses récits endossent souvent la forme d'une fable, d'une parabole empreinte d'une touche de merveilleux, dans une langue unique. Pour cette édition Quarto, ont été retenus une dizaine de textes publiés auxquels s'adjoignent cinq textes inédits, qui portent en eux la puissance de l'écriture d'Erri de Luca dans des genres littéraires variés, sa réflexion sur l'appartenance et l'identité, le poids du passé et l'importance de l'histoire, sur la fragilité et l'importance des relations humaines.
« Nous apprenons des alphabets et nous ne savons pas lire les arbres. Les chênes sont des romans, les pins des grammaires, les vignes sont des psaumes, les plantes grimpantes des proverbes, les sapins sont des plaidoiries, les cyprès des accusations, le romarin est une chanson, le laurier une prophétie. » Trois chevaux, Erri de Luca
À lire – Erri de Luca, Itinéraires, Gallimard, coll. « Quarto », 2023.
+ Lire la suite
autres livres classés : naplesVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (1265) Voir plus



Quiz Voir plus

Grandes oeuvres littéraires italiennes

Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».

Si c'est un homme
Le mépris
Le désert des Tartares
Six personnages en quête d'auteur
La peau
Le prince
Gomorra
La divine comédie
Décaméron
Le Nom de la rose

10 questions
834 lecteurs ont répondu
Thèmes : italie , littérature italienneCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..