Certaines personnes savent, le jour d’avant, qu’elles ont rendez-vous avec lui. Et, malgré cette intuition, elles ne seront pas prêtes. Le bonheur est toujours une embuscade. On est pris par surprise. Le jour d’avant est donc le meilleur…
Elle était celle qui m’était destinée, mais le destin peut s’égarer en route, ce n’est pas une chose certaine qui doit forcément arriver. Le destin est une rareté.
Quand ils deviennent un peuple, les gens sont impressionnants.
Nous de la pauvreté, nous séchions notre feuille à la chaleur de notre respiration. Sous notre souffle, le bleu de l'encre tremblait en changeant de couleur. Les autres l'essuyaient avec un buvard. Le vent que nous faisions sur la feuille à plat était plus beau. Les autres écrasaient les mots sous leur petit carton blanc.
La guerre est la meilleure occasion pour faire des saloperies. Elle donne la permission.
Il y avait une générosité civile dans l'école publique, gratuite, qui permettait à un garçon comme moi d'apprendre, J'avais grandi en elle et je ne mesurais pas l'effort d'une société pour s'acquitter de cette tâche. L'instruction nous donnait de l'importance, à nous les pauvres. Les riches s'instruiraient de toute façon. L'école donnait du poids à ceux qui n'en avaient pas, elle rendait égaux. Elle n'abolissait pas la misère, mais entre ses murs, elle permettait l'égalité. La différence commençait dehors.
On écrivait avec une plume et de l’encre versée dans un trou de notre pupitre. Ecrire était une peinture, on trempait sa plume, on faisait tomber les gouttes jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’une avec laquelle on arrivait à écrire la moitié d’un mot. Puis on la trempait à nouveau.
Nous de la pauvreté, nous séchions notre feuille à la chaleur de notre respiration. Sous notre souffle, le bleu de l’encre tremblait en changeant de couleur. Les autres l’essuyaient avec un buvard. Le vent que nous faisions sur la feuille à plat était beau. Les autres écrasaient les mots sous leur petit carton blanc.
Les désirs des enfants donnent des ordres à l'avenir. L'avenir est un serviteur lent, mais fidèle.
C’est une chose qui ressemble à la musique. Chacun joue d’un instrument et ce qui en sort n’est pas la somme des joueurs mais c’est la musique, un courant qui avance par vagues, écorche la mer, c’est une faim qui te fait voir le pain jeté par terre, et toi tu le laisses pour un autre, c’est une mère qui passe une pierre à son fils, l’émotion qui fait monter le sang aux yeux et pas les larmes. Je ne sais pas t’expliquer la révolte
Il est impossible de parler avec les pensées des autres, elles sont sourdes.